Football: Une défaite et tout le monde était content

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Ç’a été une soirée européenne comme on les aime, mercredi, au Wankdorf. Les Bernois ont perdu contre Manchester City (1-3), c'est vrai. Mais ça n’a pas empêché un tour d’honneur et des sourires de partout.

Robin Carrel
par
Robin Carrel
Jack Grealish passe malgré Lewin Blum.

Jack Grealish passe malgré Lewin Blum.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Lors de la 3e journée du groupe G de la Champions League, les fans de Young Boys de Berne ont vécu leur meilleure vie pendant un quart d’heure. Meschak Elia avait répondu à Manuel Akanji après avoir fusé sur la pelouse synthétique et proprement lobé Ederson, le gardien des Citizens. Le public a explosé et l’ambiance, dans le stade, a été assez folle dans la foulée. Mais il n’y a pas que ces quinze minutes qui leur ont vendu du rêve, à l’occasion de la réception de la troupe de Guardiola.

À la 67e, Erling Haaland a marqué un penalty. À quatre minutes de la fin, le cyborg norvégien – qu'est-ce qu’il est impressionnant à voir en vrai, on dirait que les types en face lui rebondissent dessus! – a assassiné le peu de suspense qu’il restait d’une frappe enroulée en lucarne. Mais ça, le public bernois s’en fichait un peu. Il n’a pas arrêté de chanter, de se faire plaisir en sifflant Jack Grealish, avant de faire la fête à ses joueurs à l’occasion d’un tour d’honneur aussi pluvieux que bon enfant.

Dans les travées du Wankdorf, de la fierté de la part des grands-papas, des vivats de la foule des quarantenaires et des étoiles dans les yeux des gamins, qui ont pu voir leur star du week-end se hisser à la hauteur de l’événement et regarder de près des joueurs qu’ils ne voient d’habitude qu’à la télé… Alors oui, on peut se moquer d’une «défaite encourageante» ou d’un «revers où YB n’a pas été ridicule» face à la meilleure équipe du monde.

On peut aussi penser que c’est très «Suisse» de perdre avec le sourire. Il n’empêche que l’Helvète sait d’où il vient et ça veut dire aussi qu’il mesure la chance de voir la C1 sur le pas de sa porte. Parce que la plus prestigieuse des compétitions de club au monde est devenue un immense cirque, où cinq clubs anglais peuvent se mesurer à quatre italiens, espagnols et allemands, certaines fois même pas sur le podium de leur propre championnat, pendant que le Champion de Suisse ne joue la Ligue des Champions qu’une fois de temps en temps.

En fait, en termes de notoriété, de médiatisation et de gloire - et je mesure l’échelle -, c’est un peu comme si Fribourg Olympic avait l’opportunité de jouer contre les New York Knicks, si Genève-Servette recevait les Golden Knights de Vegas ou si l’équipe de Suisse de rugby défiait les All Blacks. Oui, c’est devenu ça la «Champions». Une sorte de cirque dont le chapiteau est monté pour les numéros les plus impressionnants, avec quelques strapontins pour les gueux, histoire de faire comme s’ils étaient invités.

En allant au stade, tu n’espères pas forcément gagner, mais tu vas voir ta petite équipe se sortir les tripes. Ça peut passer genre une fois sur mille. Mais tu es aussi heureux d’avoir été à la hauteur d’un événement pas comme les autres. Et ça, YB l’a été.

Et moi aussi, j’ai pu enfin revoir Jack Grealish en vrai…

Aaaaah… Jack…

Aaaaah… Jack…

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

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