FootballAlain Casanova: «Je ne me vois pas comme un pompier de service»
Avant le derby contre Servette dimanche (16h30), l’entraîneur de Lausanne-Sport revient sur ses deux mois à la Tuilière. Il considère avoir manqué de temps.
- par
- Valentin Schnorhk
En deux mois, Alain Casanova a sans doute parfait sa connaissance du football suisse. Il a désormais joué toutes les équipes une fois, à l’exception de Saint-Gall, que le Lausanne-Sport n’affrontera pas avant la 36e et dernière journée. Avec le simple et maigre espoir que ce ne soit pas trop tard pour lui. Pour cela, il lui faudra gagner à peu près chacun des neuf derniers matches qu’il lui reste à disputer. À commencer par Servette ce dimanche (16h30) à la Tuilière.
L’entraîneur du LS retrouve ainsi le premier adversaire qu’il avait défié, deux jours après son arrivée début février. «Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, observe-t-il. C’est déjà un match capital, très important pour le club, les supporters, la région. Nous l’avons bien préparé. L’équipe a bien évolué, bien progressé depuis ce premier match. Des joueurs se sont révélés. Nous avons désormais une équipe-type qui se dégage, avec une cohésion à l’intérieur de celle-ci.» Discours positif. Il ne lui reste presque que ça pour espérer prendre les points qui lui ont toujours échappé.
«Quand la réussite vous fuit…»
Parce que les statistiques avancées ne sont pas aussi rassurantes. Depuis son arrivée pour succéder à Ilija Borenovic, aucune amélioration nette n’est clairement à signaler, si ce n’est que le LS de Casanova concède un peu moins de tirs que celui de son prédécesseur (11,75 par match en moyenne, contre 14,89 avant lui). Problème, cela ne se ressent pas vraiment au niveau des buts encaissés. En fait, avec le Français à sa tête, Lausanne ne fait pas mieux, mais il a surtout beaucoup moins de réussite qu’avant, ce qui rend son bilan encore plus catastrophique.
Ainsi, les Expected Goals créés et subis racontent des Vaudois qui encaissent presque deux fois plus de buts que prévu, et en marque deux fois moins qu’attendus. «C’est vrai, nous manquons d’efficacité, ce qui contribue à notre spirale négative, acquiesce Casanova. Je pense que sur les seize buts que nous avons encaissés, plus de la moitié était largement évitable.» Une explication? «Il nous a fallu un peu de temps pour que l’équipe s’imprègne de nos principes afin d’être plus efficaces défensivement, se justifie-t-il. Et puis, dès qu’on défend mieux, on attaque mieux aussi. Je pense que nous avons connu un tournant contre Grasshopper, avec ce but annulé pour une main de Zeki Amdouni, alors qu’il était valide. Mais quand la réussite vous fuit… Reste qu’il ne faut pas accepter la fatalité et se battre contre ça.»
Un besoin de temps
Autre élément qui peut accentuer cette fuite en avant: l’effet du score. À l’exception du 2-2 contre Young Boys, Lausanne a toujours été mené au score. Cela n’aide pas à gagner des matches. À l’inverse, les chances s’amenuisent. Il vaudrait mieux savoir l’éviter. «Sur les quatre ou cinq derniers matches, vu l’image qu’a montrée l’équipe, nous aurions pu prendre plus de points. Dans l’ensemble, je crois que cela a tenu à peu de chose. Mais il n’y a rien qui se fait du jour au lendemain. Là, on voit un réel progrès.» Manière de dire qu’à ses yeux, Alain Casanova a manqué de temps.
Il ne le cache pas. Et l’assume. «Au moment de mon arrivée, les matches se sont vite enchaînés, rappelle-t-il. Je n’avais pas toutes les données sur l’équipe. Moi, je ne me vois pas comme un pompier de service. J’ai besoin de temps pour que mes principes de jeu prennent corps.» A croire que l’ancien coach de Toulouse et de Lens n’était pas forcément le profil idoine pour le poste: «J’avais et j’ai le profil pour cette mission, se défend-il. Mais avec le jeu que je veux mettre en place, cela suggère de la patience. Je suis à l’aise dans toutes les situations.» Qu’importe la contradiction, c’est à l’extrême urgence qu’il est dorénavant confronté.