France«Il est inadmissible d’avoir laissé 500 néo-nazis parader au cœur de Paris»
Les réactions d’indignation se sont multipliées après la manifestation de militants d’ultradroite samedi à Paris, que les autorités policières avaient décidé de ne pas pas interdire.
La Première ministre Elisabeth Borne, comme de nombreux politiciens français, a jugé «choquantes» les images des près de 600 manifestants qui ont défilé dans un quartier huppé de la capitale, habillés de noir et le visage souvent masqué, exhibant des croix celtiques et scandant un slogan d’un groupuscule d’extrême droite aujourd’hui dissous. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé mardi avoir demandé aux préfets d’interdire à l’avenir toutes les manifestations de l’ultradroite
La cheffe du gouvernement a toutefois estimé qu’«il n’y avait pas de motif pour interdire cette manifestation», répondant aux critiques venues notamment de la gauche, qui accuse les autorités d’une mansuétude coupable à l’égard de l'ultradroite.
Les politiciens choqués
Le sénateur socialiste de Paris David Assouline a ainsi interpellé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, estimant «inadmissible d’avoir laissé 500 néo-nazis et fascistes parader au cœur de Paris». «Expliquez-vous!», a-t-il sommé dans un tweet.
Le cortège a également choqué la cheffe de file des députés d’extrême droite du Rassemblement national Marine Le Pen, alors que deux ex-membres de son parti ont été identifiés dans la foule . «Ces provocations ne peuvent pas être tolérées. C’est inadmissible», a déclaré la finaliste de la dernière présidentielle sur l’antenne de Sud Radio.
La préfecture de police de Paris, qui dépend du ministère de l’Intérieur, avait choisi de ne pas interdire cette manifestation, qui a lieu tous les ans en hommage à un militant d’extrême droite mort accidentellement en 1994.
«Les casseroles plus dangereuses que les bottes»
Les partis de gauche ont relevé que les autorités préfectorales ont, en revanche, récemment interdit des rassemblements d’opposants au chef de l’Etat, qui accompagnent ses déplacements par des concerts de casseroles pour protester contre la récente et très contestée réforme des retraites. «Les casseroles sont manifestement plus dangereuses que les bruits de bottes...», a ironisé sur Twitter le porte-parole du parti communiste français Ian Brossat.
Face à la polémique, la préfecture de police de Paris a défendu l’absence d’interdiction en soulignant que cette manifestation n’avait, au cours des années précédentes, occasionné «aucun débordement ou trouble à l’ordre public».
Darmanin demande d’interdire toutes les manifestations d’ultradroite
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé mardi avoir demandé aux préfets d’interdire à l’avenir toutes les manifestations de l’ultradroite. «J’ai donné comme instruction aux préfets» lorsque «tout militant d’ultradroite ou d’extrême droite ou toute association ou collectif, à Paris comme partout sur le territoire, déposera des (déclarations de) manifestations (semblables à celle de samedi à Paris)» qu’ils prennent «des arrêtés d’interdiction», a-t-il déclaré.
«Nous laisserons les tribunaux juger de savoir si la jurisprudence permettra de tenir ces manifestations», a-t-il ajouté.
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a annoncé lundi soir avoir saisi la procureure de Paris des faits de dissimulation des visages de la part des manifestants, ce qui constitue une infraction.