BienneLa mosquée haineuse a fermé ses portes
Incarnée par le prédicateur libyen Abu Ramadan, la mosquée Ar’Rahman n’existe plus après la vente de l’immeuble.
- par
- Vincent Donzé
Pour ses prêches et pour avoir abusé de l’aide sociale, le prédicateur libyen Abu Ramadan (69 ans) a été condamné le 21 juin 2022, à Bienne. Dix mois plus tard, sa mosquée a discrètement fermé ses portes. Les citoyens l’ignoraient jusqu’à aujourd’hui, mais cette disparation a été remarquée par «SonntagsBlick».
La mosquée Ar’Rahman s’est dissoute après le Ramadan. Au chemin du Seeland, le bail a été résilié entre le propriétaire et l’association Arrissala: l’ancienne fabrique qui nécessite une rénovation a été vendue à un bureau d’architecture.
Faute de bases légales
C’est une page définitivement tournée pour une mosquée où le président du Conseil central islamique suisse Nicolas Blancho s’est converti. Les autorités souhaitaient sa fermeture, mais faute de bases légales, elles ne pouvaient pas l’ordonner.
«J’attendais ce moment depuis des années: il faut séparer le bon grain de l’ivraie!» réagit le politicien Mohamed Hamdaoui, soulagé par la disparition de la mosquée haineuse et l’instauration d’un climat plus serein.
Mohamed Hamdaoui souhaite aux musulmans qu’il qualifie de «normaux» de disposer d’un lieu de culte digne de ce nom: «Les mosquées encore présentes à Bienne sont correctes!» constate-t-il. «Et que les musulmans radicalisés aillent au diable!» conclut ce politicien centriste qui n’a «rien contre les croyants et les pratiquants».
Détruire les ennemis
Les projecteurs se sont braqués sur la mosquée en 2017, lorsque le journal «Tages-Anzeiger» et l’émission de DRS «Rundschau», ont révélé le contenu haineux des prêches de l’imam Abu Ramadan, de son vrai nom Saleh Ramadan Al Fitouri Ben Salem: «Oh, Allah, je vous demande de détruire les ennemis de notre religion, de détruire les juifs, les chrétiens, les hindous, les Russes et les chiites. Dieu, je vous prie, de les détruire tous et de redonner à l’islam sa gloire antique».
L’an dernier, Abu Ramadan a été condamné à 14 mois de prison avec sursis et surtout à six années d’expulsion du territoire suisse, mais il a recouru auprès de la Cour suprême bernoise contre le jugement prononcé par le tribunal régional de Bienne.
Citations mal traduites
Pour sa défense, le prédicateur a critiqué le fait qu’un seul de ses sermons a été examiné, avec des passages sortis de leur contexte. L’imam a affirmé que ses citations en arabe ont été mal traduites: au tribunal, il a accusé le traducteur d’être un menteur.
Détenteur d’un permis C, Abu Ramadan était aussi accusé d’avoir perçu illégalement une aide sociale d’environ 45 000 francs dans sa commune de résidence de Nidau, sans déclarer ni revenu, ni fortune. Les autorités fédérales lui ont retiré son statut de réfugié en 2017, le prédicateur s’étant rendu en Libye à plusieurs reprises.