Aliose: «Le manager de Patrick Juvet adore notre reprise de I Love America»

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InterviewAliose: «Le manager de Patrick Juvet adore notre reprise de I Love America»

Le duo vaudois sort «Regarde ailleurs», un disque moins folk et mettant en avant une pop plus engagée.

Fabio Dell'Anna
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Fabio Dell'Anna
Le groupe Aliose est formé par Xavier Michel et Alizé Oswald.

Le groupe Aliose est formé par Xavier Michel et Alizé Oswald.

Niels Ackermann Lundi 13

Aliose a sorti sont 4e album, «Regarde ailleurs», fin octobre. Un disque qui se démarque des précédents. Si les guitares sont toujours présentes, le folk qui définit le duo vaudois a fait place à une pop plus synthétique et engagée. Un univers qui lui va parfaitement.

Alizé Oswald et Xavier Michel chantent sur l’écologie, le deuil, le capitalisme ou encore l’amour avec des paroles intelligentes saupoudrées d’humour. «Nous avons attendu longtemps cette sortie. Au départ, nous avions prévu de publier ces titres en 2020», nous disent-ils d’emblée.

Vous avez sorti un EP, «Comme des gangsters», avant cet album. Pour quelle raison?

Alizé Oswald: Nous avions repoussé la sortie de notre disque, mais nous avions quand même promis de la musique aux personnes qui suivent notre parcours. Nous nous sommes dit que nous allions partager un amuse-bouche: un petit EP de cinq titres.

Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album?

A. O. : Bien, même si c’était un peu différent que d’habitude. Nous avions commencé le travail à Bruxelles avec Romain et Ziggy du groupe belge Puggy. Nous avions travaillé sur l’univers musical, mais nous avions dû terminer les titres à distance. Avec le Covid, c’était compliqué de finaliser les voix. D’autant plus que nous avons une petite fille (ndlr.: née en août 2021). Elle était bébé à ce moment-là, et il fallait faire en sorte qu’elle ne prenne pas la parole dans le micro. Nous la bercions avec un pied et nous enregistrions en même temps. (Rires.)

«Avec «Oui oui oui» nous voulions nous amuser, car notre ADN est plutôt doux et mélancolique.»

Alizé Oswald, moitié du groupe Aliose

Vous délaissez un peu plus le folk sur cet album. Pourquoi?

A. O. : Je ne sais pas. Toutes nos chansons tiennent toujours sur des guitares voix ou piano voix. Nous les composons ainsi. Mais c’est vrai, pour chaque album, nous nous entourons de l’univers sonore que nous avons envie de défendre. Et cette fois, avec Romain et Guy, nous sommes peut-être allés dans quelque chose d’un peu plus analogique. Il y a moins de guitares, c’est clair.

Xavier Michel: Ils sont bassiste et batteur. Donc nous avons beaucoup travaillé autour des sections rythmiques. C’est ce que j’aime dans cet album: je le trouve un peu plus vitaminé que les précédents.

On le remarque avec le premier single, «Oui oui oui». Un titre que vous avez accompagné d’une vidéo hilarante.

A. O. : C’est vraiment la chanson à prendre au 4e ou 5e degré. C’est un couple qui s’envoie des vannes et, à la fin, ils se disent: «Bah ouais je t’aime encore… Mais surtout quand tu dors.» Nous voulions quelque chose de très décontracté, nous amuser, car notre ADN est plutôt doux et mélancolique.

Vous avez demandé à Zep et Isabelle Boulay de faire du teasing sur les réseaux sociaux. Comment cela est arrivé?

X. M. : Nous faisions partie du même spectacle «Tous en chœur» en août à Montreux pour chanter avec 200 choristes. Cela coïncidait avec la sortie de «Oui oui oui». Nous nous sommes dit que ça pouvait être marrant. Nous avions du temps, nous étions en loge tous ensemble pendant plusieurs jours.

Votre morceau «Comme un con» parle de l’écologie. C’était inévitable de traiter d’un sujet aussi présent de nos jours?

A. O. : Évidemment. Nous voulions chanter sur ce qui nous touche et nous entoure. Nous devions en parler et, surtout, nous en avons envie. C’est un sujet qui est assez difficile à aborder et à défendre. Il faut trouver le bon angle. Nous avons choisi d’y mettre un petit peu d’ironie. C’est notre façon de nous exprimer, de faire passer des messages… Et puis, nous vivons dans un monde où nous avons l’impression que tout va de travers, alors que nous pourrions tous faire des petits efforts. Cela nous paraît toujours tellement dérisoire et un peu décourageant.

Y a-t-il un titre de votre album qui vous tient particulièrement à cœur?

A. O. : «Comme un con» en est un. J’aime bien l’arrangement. Je trouve qu’il y a une énergie assez cool. La chanson «Ça reste là» en fait aussi partie, pour des raisons plus personnelles. Elle parle du deuil traversé par Xavier lors de la perte de son père. Son approche me plaît. Les paroles racontent le moment où l’on pense sans cesse à la personne et un jour on se réveille et on se dit: «C’est dingue! Aujourd’hui, je n’y ai pas pensé.» Et on culpabilise un peu d’avoir oublié l’autre. Le texte est magnifique.

Vous terminez l’album par «Love America» de Patrick Juvet en français. Il fallait oser!

X. M. : (Rires.) C’est un exercice que nous aimons bien. Là, en l’occurrence, c’est la RTS qui avait proposé à quelques artistes de reprendre des chansons de Patrick Juvet pour un hommage. Le projet ne s’est pas concrétisé, mais on trouvait cette cover chouette. C’est un morceau bonus, il n’a pas du tout été produit comme les autres. Le manager de Patrick Juvet l’a entendu et il l’a apprécié.

Avez-vous écrit pour des artistes récemment?

X. M. : Après avoir beaucoup composé pour cet album, nous avons aussi pas mal écrit pour d’autres. Nous adorons le faire ensemble ou chacun de notre côté. Cela nous permet de faire des textes sur des choses que nous ne chanterions pas. L’exemple récent le plus parlant est Gjon’s tears. Nous avions participé à la création du titre «Répondez-moi» qu’il devait chanter à l’Eurovision en 2020 avant que l’événement ne soit annulé. Xavier a ensuite contribué à l’écriture de «Tout l’univers». La chanson s’est classée troisième.

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