Technologie, protection, production…: On fait le point sur le vaccin contre la variole du singe 

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Technologie, protection, production…On fait le point sur le vaccin contre la variole du singe

Alors que la maladie a fait ses premiers morts en Europe, un seul vaccin est actuellement autorisé contre le virus sur le Vieux Continent, mais toujours pas en Suisse.  

Plusieurs pays et l’OMS conservent des stocks de vaccin antivariolique par sécurité.

Plusieurs pays et l’OMS conservent des stocks de vaccin antivariolique par sécurité.

AFP

Conçu contre une maladie cousine, le vaccin contre la variole du singe est utilisé pour protéger les plus à risque face à la propagation de la maladie hors des zones endémiques. Face à l’épidémie, le Canada, les Etats-Unis, l’Allemagne, la France ou encore le Royaume-Uni ont autorisé son administration aux personnes les plus exposées. Le vaccin n’est par contre toujours pas disponible en Suisse, malgré les demandes de la communauté gay. «La Confédération est en train d’évaluer les possibilités d'achat centralisé d'un vaccin contre la variole du singe», rapportait la RTS dans un article mardi. Le point sur le fonctionnement et l’efficacité du sérum.

Quel vaccin?

C’est un vaccin contre la variole humaine, maladie mortelle éradiquée en 1980, qui est utilisé actuellement contre la variole du singe. Ces deux virus font partie de la famille des «orthopoxvirus». Le sérum utilise un troisième virus de cette famille, proche génétiquement, celui de la vaccine. La vaccine, inoffensive chez l’homme, a permis au XVIIIe siècle au médecin britannique Edward Jenner d’élaborer le principe même de la vaccination (et de créer le premier vaccin antivariolique): éduquer le système immunitaire en confrontant l’organisme à un virus voisin de celui à combattre.

«Il y a une homologie de 90 à 95% des protéines virales impliquées entre les virus de la variole et de la variole du singe. Donc prendre un vaccin très proche pour le bloquer est une stratégie qui a fait ses preuves», déclare Olivier Schwartz, responsable de l’unité virus et immunité à l’Institut Pasteur. Le vaccin actuel, fabriqué sur culture cellulaire et non plus sur animal, est dit de «troisième génération car il a été amélioré par rapport aux deux précédentes versions pour limiter les effets secondaires», précise Yannick Simonin, maître de conférences à l’université de Montpellier, spécialiste des virus émergents.

Quelle protection?

L’infection par la variole confère une protection croisée contre le virus cousin de la variole du singe, un mécanisme similaire avec le vaccin antivariole face à la variole du singe. S’il n’y a pas encore de données à large échelle, des éléments épidémiologiques passés et des tests en laboratoire font anticiper une efficacité forte du vaccin antivariolique actuel face à la variole du singe. «Le chiffre de protection vaccinale de 85% date d’études des années 1980-1990 sur le terrain au Zaïre et est assez approximatif», note Olivier Schwartz. Il évoque aussi des études chez des soignants en 2018 et des expériences sur des macaques semblant montrer une forte efficacité de la vaccination post-exposition à la variole du singe.

Avoir été vacciné contre la variole avant 1980 apporte a priori une protection immunitaire contre la variole du singe, d’une ampleur et d’une durée incertaines. «Selon des études par exemple des années 2000, on a retrouvé des anticorps contre la variole chez 30% des personnes vaccinées au moins 20 ans auparavant», indique le chercheur de Pasteur. Et «une dose de rappel va activer les cellules mémoires – lymphocytes B ou T – et réactiver l’immunité cellulaire, même après 20 ou 40 ans». Yannick Simonin prévient toutefois que l’immunité «diminue au cours du temps et que la persistance d’anticorps neutralisants contre le monkeypox n’a jamais été évaluée».

Quelle production?

Le seul vaccin autorisé en Europe pour la variole du singe actuellement est fabriqué par le danois Bavarian Nordic, à partir de la souche virale MVA-BN (modified vaccinia Ankara virus). Il est commercialisé sous le nom de Jynneos en Amérique du Nord, d’Imvanex en Europe. Aux Etats-Unis, le vaccin ACAM2000 est également disponible, mais son administration est plus restrictive  pour les personnes ayant certains problèmes de santé, comme un faible système immunitaire. Plusieurs pays et l’OMS conservent des stocks de vaccin antivariolique par sécurité, notamment face à un risque bioterroriste. Bavarian Nordic s’est associé avec les autorités américaines en 2003, et leur a déjà livré 30 millions de doses. Depuis la flambée actuelle de la variole du singe, un accord prévoit 7 millions de doses supplémentaires.

Selon l’OMS, il y aurait actuellement 16 millions de doses de MVA-BN dans le monde, majoritairement en vrac, ce qui nécessiterait, quelques mois avant, une mise en flacon pour les utiliser. Il est difficile de connaître l’état des stocks, les pays opposant le secret défense au grand dam d’associations et d’élus. On ignore aussi le détail des commandes auprès du seul fabricant actuel. L’UE a jusqu’alors commandé 100’000 doses. Malgré la présence sur une partie du continent de zones endémiques de la variole du singe, plus de 3000 cas confirmés et, selon des médecins, plus de 70 décès potentiels, l’Afrique ne dispose encore d’aucune dose de vaccin.

(AFP)

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