StreamingDeux ans après son lancement, Disney+ voit sa croissance ralentir
Le service de streaming en ligne du géant du divertissement compte désormais 118 millions d’abonnés. C’est 7 millions de moins qu’escompté par les investisseurs.
Disney+ compte désormais 118 millions d’abonnés dans le monde mais la plateforme aux pléthoriques catalogues voit sa conquête des foyers ralentir, la production de nouveaux programmes ayant souffert de la pandémie. Le service a accumulé 2 millions d’abonnés supplémentaires en trois mois, mais les investisseurs espéraient au moins 125 millions d’utilisateurs payants à ce stade. Bob Chapek, le patron du groupe californien, les avait pourtant prévenus, fin juillet, que la croissance allait ralentir.
«Je veux rappeler que nous restons déterminés à atteindre nos buts sur le long terme», a-t-il tenté de rassurer, mercredi, lors de la conférence téléphonique aux analystes après la publication des résultats trimestriels. «Nous sommes confiants sur le fait que nous sommes sur la bonne trajectoire pour parvenir aux objectifs annoncés l’année dernière, à savoir entre 230 et 260 millions d’abonnés payants à Disney+ dans le monde d’ici à la fin de l’année fiscale 2024», a-t-il indiqué.
La pandémie a aidé au décollage de Disney+
Disney+ a été lancée en fanfare le 12 novembre 2019 aux États-Unis, au Canada et aux Pays-Bas. La plateforme a conquis 10 millions d’abonnés en 24 heures, et a grandi à un rythme effréné depuis, distançant de nombreux concurrents. Ses catalogues historiques (Marvel, Pixar, Star Wars, etc) et de nouvelles franchises lui ont permis de talonner Netflix, le pionnier du secteur, qui a dépassé les 213 millions d’abonnés.
La pandémie a aussi aidé Disney+ à décoller, mais elle a retardé la production de nouveaux films et séries, essentiels pour relancer l’intérêt des consommateurs.
«Nous ne sommes qu’à la deuxième année et l’appétit pour de nouveaux contenus sur le service est extraordinaire. Mais quand il y a une pandémie en même temps et que vous devez interrompre la production, ce n’est pas une bonne combinaison», a souligné Bob Chapek.
Cinémas contre investisseurs
Le groupe américain, longtemps dépendant des chaînes de télévision et cinémas pour diffuser ses contenus, a aussi des choix stratégiques difficiles à faire entre sortir ses nouveaux films d’abord en salle, puis sur internet, ou sur les deux en même temps. Après «Mulan» en 2020, «Black Widow et «Jungle Cruise» ont ainsi été diffusés cet été directement sur Disney+, au grand dam des salles obscures et de stars comme Scarlett Johansson, qui déplorent un manque à gagner pour elles.
Disney a fait des concessions. «Eternals» des studios Marvel a été réservé aux cinémas pendant 45 jours consécutifs au moins, tout comme le «West Side Story» de Steven Spielberg, qui sortira le 10 décembre aux États-Unis. Mais ces décisions ne sont pas du goût des analystes.
«Quand il y a de nouveaux films, les gens veulent les voir immédiatement sur la plateforme», commente par exemple Rob Enderle. «Si on les force à retourner dans les salles, Disney+ devient inutile». Les investisseurs ont aussi noté que le revenu mensuel moyen par abonné à Disney+ avait diminué de 9% en un an, à 4,12 dollars.
Dans son communiqué de résultats, le groupe a attribué cette baisse aux abonnements moins chers sur certains marchés, comme l’Inde ou l’Indonésie. Il note aussi que Disney+ fait face à des hausses de coûts, en termes de production des contenus, de marketing et de technologie.
La pandémie pèse toujours sur le royaume enchanté
Le groupe californien a réalisé 18,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires pendant le quatrième trimestre de son exercice décalé, et dégagé 160 millions de bénéfices net. Ces résultats sont sans comparaison avec ceux d’il y a un an, quand Disney enregistrait une perte nette de plus de 700 millions à cause de la pandémie.
Mais le titre de l’empire du divertissement perdait plus de 4% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse. Le marché attendait de meilleures performances, d’autant que tous les parcs d’attractions ont pu rouvrir cet été, à la faveur des campagnes de vaccination.
L’activité des parcs et produits dérivés a ainsi doublé son chiffre d’affaires, à 5,5 milliards de dollars, «mais nous sommes toujours très affectés par les capacités d’accueil réduites», à cause des restrictions sanitaires, selon Disney. Les plateformes du groupe (Disney+, ESPN+ et Hulu) comptent 179 millions d’abonnements et ont généré un chiffre d’affaires de 4,6 milliards de dollars (+38%). Disney a récemment lancé une offre commerciale à 2 dollars pour un mois d’abonnement à Disney+, puis 8 dollars par mois, pour relancer la croissance de son nombre d’abonnés.