Elie Semoun: «Je déconne comme si je n’étais pas un mec de 58 ans»

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InterviewÉlie Semoun: «Je déconne comme si je n’étais pas un mec de 58 ans»

L’humoriste visitera les jeunes patients des HUG ce week-end en tant que parrain Fonds philanthropique EHDEN. Il nous parle des causes qui le touchent, de la maladie d’Alzheimer et de son dernier spectacle.

Laurent Flückiger
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Laurent Flückiger

On connaît Élie Semoun l’humoriste, l’acteur, le réalisateur, le chanteur, l’écrivain… Il y a aussi Élie Semoun l’engagé. «Je suis parrain de pas mal d’associations», dit l’artiste français que nous atteignons ce mercredi matin par téléphone dans son jardin, peu avant qu’une équipe de télévision ne débarque chez lui. «Je suis sensible à l’écologie et l’association de Nicolas Hulot vient me voir avec l’animateur de «Silence, ça pousse!» Stéphane Marie, explique-t-il. On va inciter les gens à planter des arbres.»

Élie Semoun est aussi l’un des parrains du Fonds philanthropique EHDEN au nom duquel il est allé distribuer des cadeaux dans les unités pédiatriques des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), il y a plusieurs mois. Chose qu’il refera ce week-end.

En tant qu’artiste vous devez avoir constamment des sollicitations pour être le parrain d’une cause. Qu’est-ce qui vous fait accepter une plutôt qu’une autre?

Mes choix sont guidés par l’humain. Je suis très touché par Magid Khoury (ndlr.: fondateur d’EHDEN), son élan pour les enfants est d’une grande sincérité. Vous savez, je suis souvent sollicité par des gens qui ne sont attirés que par les noms. Ils veulent faire du name dropping, avoir Franck Dubosc, Gad Elmaleh, Élie Semoun. Si c’est juste comme ça, ça ne sert pas à grand-chose.

À Genève, vous irez à la rencontre des jeunes patients. Que leur direz-vous?

Je suis déjà venu, mais en pleine période de Covid. J’avais amené une soixantaine de DVD dédicacés de mon film «Ducobu 3». Malheureusement je n’avais pas pu rencontrer les enfants, c’était très frustrant. J’ai demandé à revenir. On devait faire une projection de «Ducobu président!» mon deuxième film, ça se fera plus tard. Là, je vais offrir des T-shirts, des DVD, je vais essayer de les faire sourire. J’adore le monde de l’enfance. Si j’ai fait deux films pour eux, ce n’est pas par hasard.

Vous vous êtes davantage tourné vers les enfants au cinéma, pour quelle raison?

Il se trouve que j’avais tourné en tant qu’acteur pour les deux premiers «Ducobu» et j’avais adoré. UGC, qui produit les films, m’a ensuite proposé de tourner «Ducobu 3» et ça s’est superbien passé, on a fait 1,5 million d’entrées, ce qui est fou. Donc on en fait un quatrième. Je n’ai pas calculé ça. J’ai une part d’enfance en moi, je continue à déconner comme si je n’étais pas un mec de 58 ans. Mais c’est vrai que les enfants qui viennent voir mon spectacle sont un peu déçus, car ce n’est pas vraiment pour eux. (Rires.)

Le 21 septembre est la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer. Vous avez réalisé «Mon vieux», un film sur votre père, qui en était atteint et dont vous et votre sœur vous êtes occupé jusqu’à sa mort en 2020. Qu’avez-vous voulu partager sur les aidants?

J’ai d’ailleurs une projection ce soir avec ma sœur. C’est une putain de maladie parce qu’elle touche ceux qui en sont atteints mais aussi ceux qui n’en sont pas atteints. On est bouffé par cette maladie, on ne comprend pas ce qui arrive à nos proches. Moi, je n’avais pas envie que mon père, qui était quelqu’un d’intelligent, ne sache pas reconnaître un marteau d’un tournevis. On les aime nos parents, on n’aime pas les voir ne sachant plus se laver. Il faut savoir se protéger, sinon on crève avec la personne.

Et ça devait être horrible de ne plus être reconnu par son propre père.

Mon père, ce n’était pas trop ça, c’était plutôt un «Alzheimer gentil». Mais c’est arrivé une fois. Je l’ai réveillé, il m’a regardé d’un air un peu méchant en ne sachant pas qui j’étais. J’ai détesté ce moment. Cette maladie est une saloperie.

«L’alzheimer est une putain de maladie parce qu’elle touche ceux qui en sont atteints mais aussi ceux qui n’en sont pas atteints.»

Élie Semoun

Vous tournez avec un nouveau spectacle qui passera le 21 octobre à Lausanne, «Élie Semoun et ses monstres». La maladie fait partie de vos monstres?

Oui. La vie peut-être monstrueuse. Ici, il y a plusieurs sens à monstres: ceux qu’un cirque promène, le côté monstrueux d’un raciste, d’un idiot ou d’un type qui se plaint que sa femme aime trop le cul. Quand on fait rire on est toujours un peu dans l’exagération.

C’est de nouveau un spectacle écrit avec Muriel Robin?

Oui, certains sketches sont coécrits avec elle. Un avec Vincent Dedienne, un avec Manu Payet… J’aime bien collaborer, j’aime bien le partage.

«Élie Semoun et ses monstres» est votre septième spectacle en solo. Vous devez trouver des sujets toujours plus originaux?

Je me pose moi-même la question. (Rires.) Il faut toujours se renouveler, c’est fou. À chaque fois que je me dis qu’il faut écrire un nouveau spectacle, c’est une grande galère. Mais l’inspiration est partout.

Qu’est-ce que vous préparez d’autre?

UGC m’a proposé de réfléchir à un «Ducobu 5». On se pose la question si c’est vraiment utile, si on trouve une bonne idée. Dans l’immédiat, j’ai un livre qui sort le 6 octobre: un roman d’amour qui s’appelle «Compter jusqu’à toi» (Ed. Robert Lafont), et j’en suis très fier. Il est un peu inspiré de ma vie sentimentale. Ça aurait pu être un disque, mais je voulais un roman. Je suis un fan de littérature. J’essaie de mélanger la poésie et le réalisme. J’avais besoin de l’écrire, c’était vital.

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