Hockey sur glaceLa Tissot Arena a vibré dans une soirée riche en rebondissements
Les supporters des deux camps ont mis une belle ambiance et sont passés par toutes les émotions lors de la victoire de GE Servette à Bienne jeudi soir. Immersion dans l’antre seelandais.
- par
- Ruben Steiger Bienne
Les Biennois sont venus tôt à la Tissot Arena pour encourager leur équipe. À 18h30, la place entre la patinoire et le stade de football est bien remplie et des fans débarquent de tous les côtés en voiture, en bus ou à vélo. Aux buvettes, les spectateurs déjà présents en profitent pour prendre des forces avant une grande soirée. Le HC Bienne mène 2-1 dans sa finale contre GE Servette et un succès à domicile offrirait trois pucks de titre.
En pénétrant dans l’antre seelandais, un shop éphémère, avec du merchandising à l’effigie du club, a été installé. Le vendeur s’époumone. «Tous en rouge ce soir.» Une méthode qui porte ses fruits. À 18h45, la Tribune Sud est presque pleine de rouge et a déployé une banderole «Fiers d’être biennois».
Quinze minutes plus tard, le kop affiche complet. Les gens déposent leurs vestes sur un vestiaire de fortune. Signe avant-coureur de la soirée bouillante qui s’annonce? Lors de l’acte II, la Tissot Arena a vibré comme jamais avec le but de Damien Brunner à sept secondes du gong. De quoi faire oublier le mythique Stade de Glace? «Non quand même pas, assure Martin, 67 ans, qui a vécu tous les sacres du club en direct. L’ambiance n’est pas aussi intense à la Tissot Arena. Cette patinoire, comme toutes les modernes, est plus aseptisée. De plus, elle comporte de nombreux défauts de conception.»
Ce Vaudois d’origine ne se sent pas Romand, ni même Biennois. «Je suis Seelandais et le HC Bienne est ma religion.» Avec Thierry qui l’accompagne, ils sont confiants avant ce duel. «Lors de nos trois titres, on avait un grand gardien et c’est encore le cas cette saison.» Thierry y va quand même de son petit pronostic. «L’équipe qui gagne ce soir sera championne.»
Il est déjà l’heure de prendre place dans la patinoire. Les Biennois mettent de l’ambiance, mais les Servettiens ne sont pas en reste avec leur magnifique tifo. Le speaker chauffe encore un peu plus l’arène en entonnant, avec le public, trois «Ici, c’est Bienne». Il ne faut que sept petites minutes, et une ouverture du score de Tino Kessler, pour que la Tissot Arena entre en ébullition. Trois minutes plus tard, elle ne passe pas loin de l’explosion mais Robert Mayer réalise un arrêt exceptionnel devant Jere Sallinen.
Peu à peu, les Aigles émergent de leur léthargie et égalisent par Marc-Antoine Pouliot (19e) avant de prendre l’avantage en infériorité numérique par Daniel Winnik (24e). À cet instant, le rapport de force s’échange également dans les gradins. Depuis les tribunes de presse, situées en plein centre de la patinoire, ce sont bien les supporters genevois qui sont les plus bruyants. Et cela dure quelques minutes, jusqu’à l’égalisation d’Étienne Froidevaux. Le délire. Très vite suivi par une immense colère lorsque les arbitres décident - à raison - d’annuler la réussite pour une obstruction sur le gardien. Des objets volent sur la glace.
Pendant la deuxième pause, cette décision est forcément le sujet de discussion numéro un. «On ressent une immense injustice», râle Jean-Michel qui reste tout de même optimiste pour son club. Côté genevois, on tombe sur Andreas qui n’est autre que le beau-père seelandais de Marc-Antoine Pouliot. «À mon sens, la décision est juste. La règle a été appliquée mais il faut l’abandonner car elle est trop pointilleuse.»
Andreas, habillé du maillot de Pouliot, vit une série spéciale. «En tant que Biennois, je veux que le club fasse un titre un jour. Mais je l’ai toujours dit, la famille est primordiale donc je porte le maillot du GSHC. Bien que l’homme derrière moi soit assez chaud, je n’ai eu aucun souci en portant les couleurs genevoises au milieu des Biennois.»
Le match reprend et à dix minutes du terme, la patinoire explose pour de bon et pousse un ouf de soulagement lorsque Toni Rajala égalise. Il faut moins d’une minute aux Grenat pour éteindre l’incendie en reprenant l’avantage. Ironie de l’histoire, c’est Marc-Antoine Pouliot, le plus Biennois des Genevois, qui s’offre un doublé devant les yeux de sa famille.
Un avantage qui tiendra jusqu’à la sirène finale. La rencontre se termine dans un climat hostile, les spectateurs seelandais lançant des gobelets sur le staff et les joueurs de GE Servette. Élu meilleur joueur de son équipe, Marc-Antoine Pouliot a même été conspué par son ancien public. Une fin regrettable qui n’a pas plu à Maxime, 30 ans. «Je fais partie de ceux qui l’ont applaudi. C’est un grand joueur de l’histoire du club, il a fait beaucoup pour Bienne et il faut respecter cela.»
Malgré la déception, Maxime ne perd ni son sourire, ni son fair-play. «Selon moi, c’est logique que la série soit à 2-2 entre deux bonnes équipes. Néanmoins, je trouve que le niveau de l’arbitrage n’est pas à la hauteur d’une finale, peu importe le camp dans lequel on se trouve. Maintenant, les compteurs sont remis à zéro et le match de samedi sera capital. Avant la finale, je pensais qu’elle allait se conclure en six matches et je le pense toujours. Donc celui qui gagnera samedi sera champion.»
Samedi, ce sera au tour de la patinoire des Vernets de s’enflammer pour cette finale aussi indécise que plaisante à suivre. À l’issue de ce cinquième affrontement, l’une des deux formations aura ses premiers pucks de titre.