Formule 1Toto Wolff: «Red Bull était trop agressif»
Selon le patron de Mercedes, il n’y avait rien à tenter pour déjouer une stratégie aussi osée que celle de Red Bull. Le GP des États-Unis a vu la victoire de Verstappen juste devant Hamilton.
- par
- Luc Domenjoz
Deux bons départs
La tension a été maximale pendant les 56 tours du Grand Prix des États-Unis, disputé devant une foule de 400’000 personnes massées autour du COTA (le Circuit Of The Americas), un record absolu dans l’histoire de la Formule 1 - quoique Melbourne ait parlé de 440’000 spectateurs sur quatre jours lors de la première édition de son Grand Prix d’Australie, en 1996.
Au départ, Lewis Hamilton a réussi ce qu’il décrit comme son meilleur départ depuis longtemps pour souffler la première place à Max Verstappen au premier virage. «J’avais pris un très bon départ, mais visiblement, Lewis a fait encore mieux, s’étonnait le Néerlandais après la course. Quand il s’est retrouvé à mes côtés à l’intérieur, je n’ai plus rien pu faire…»
Mais dès les premiers tours, Lewis Hamilton a été en difficulté avec ses pneus médiums du départ, et Max Verstappen restait à moins d’une seconde derrière sa Mercedes.
« Laisse-moi tranquille, mon frère! »
C’est grâce à une stratégie très osée – un « undercut » avancé (lire ci-dessous) –, que Max Verstappen a pu prendre la tête dès le 14e tour - la cédant à nouveau à Lewis Hamilton du 30e au 37e tours.
En pleine course, alors que son pilote se battait pour aller le plus vite possible, Toto Wolff, le patron de l’écurie Mercedes, a fait l’une de ses rares interventions à la radio, pour encourager l’effort: «Lewis, tu te bats pour la victoire», lui a-t-il dit.
Mauvaise idée: agacé plus qu’encouragé, Lewis Hamilton lui a répondu: «Laisse-moi tranquille, mon frère. Merci» («Leave it to me, bro. Thanks»). Vous savez désormais, mot pour mot, que répondre à votre patron quand il vous agace…
Rien à faire contre Max
En début de course, coincé derrière Lewis Hamilton, Max Verstappen a signalé à son équipe qu’il pourrait aller plus vite, mais qu’il ne parvenait pas à passer la Mercedes.
Les ingénieurs de son équipe l’ont alors fait rentrer nettement plus tôt que prévu, au 10e tour déjà, pour chausser des pneus neufs sur sa Red Bull RB16B et lui permettre de rouler plus vite, sans être gêné par la Mercedes devant lui, et en profitant de l’avantage procuré par des pneus neufs – c’est le principe de l’«undercut». Une manœuvre qui a particulièrement bien fonctionné, puisque Max Verstappen s’est retrouvé plus de 6 secondes devant Lewis Hamilton au moment où ce dernier s’est arrêté, trois tours plus tard.
«Red Bull a dû utiliser l’undercut par nécessité, analysait Toto Wolff après la course. Et c’était une décision, disons…. courageuse, parce qu’elle a été prise très tôt. Ils ont refait le même coup pour le deuxième changement de pneus, à nouveau à leur avantage. C’était trop agressif. Nous n’aurions pas pu nous arrêter aussi tôt pour changer de pneus, parce que nos données nous disaient que si nous le faisions, nous ne terminions tout simplement pas la course.»
Une autre idée, pour l’équipe Mercedes, aurait été d’arrêter Lewis Hamilton plus tard pour son deuxième changement de pneus, afin de lui permettre de disposer de pneus en meilleur état en fin de course et faciliter le dépassement de Max Verstappen. «Ça n’aurait pas fonctionné non plus, assurait Toto Wolff. Si Lewis était resté en piste plus longtemps, il aurait commencé à perdre du terrain avec des pneus trop usés. Lewis a piloté exceptionnellement bien aujourd’hui, il est resté calmé, il a augmenté le rythme juste quand il le fallait après la stabilisation de ses gommes, il a été brillant. Mais on n’était simplement pas assez rapides ici. C’est comme ça, on doit juste féliciter l’équipe Red Bull pour sa stratégie.»
12 points, c’est encore peu
Avec cette huitième victoire de la saison, Max Verstappen compte désormais 12 points d’avance sur Lewis Hamilton, alors que les deux prochains circuits, à Mexico et São Paulo, devraient être à l’avantage de sa Red Bull.
«Il est vrai que les deux prochains circuits seront favorables aux Red Bull. Mais je préfère ne pas y penser pour le moment», concluait Lewis Hamilton, hier soir.
Douze points d’avance, cela reste très peu, alors qu’il reste cinq courses à disputer, et donc 130 points à marquer par pilote. Rien n’est encore dit dans cette saison, la plus disputée entre deux écuries depuis 2010.