CinémaOscars: «CODA» sacré meilleur film, Will Smith gifle Chris Rock
Le film «CODA» a remporté dimanche soir l’Oscar du meilleur long-métrage, à l’issue d’une soirée marquée par une gifle de Will Smith, par ailleurs Oscar du meilleur acteur, sur Chris Rock.
Le film «CODA» et ses acteurs sourds ont triomphé dimanche aux Oscars, applaudis en langue des signes par les invités de la soirée qui sont toutefois restés sidérés lorsque Will Smith a frappé l’humoriste Chris Rock, après une blague sur son épouse. Comédie dramatique pleine d’optimisme adaptée du succès français «La Famille Bélier», «CODA» est un petit film indépendant (15 millions de dollars de budget) qui faisait figure de Petit Poucet au début de la saison des prix.
Mais depuis sa présentation au festival de Sundance en janvier 2021, le film, qui suit une lycéenne déchirée entre la passion qu’elle se découvre pour la chanson et sa famille sourde, qui dépend d’elle pour communiquer avec le monde des entendants, a raflé l’un après l’autre tous les prix de la saison. Sa victoire est aussi celle d’Apple TV+, qui devient la première plateforme de streaming à l’emporter aux Oscars dans la catégorie phare du meilleur long-métrage.
Cette semaine, «CODA» avait pour la première fois dépassé le grand favori «The Power of the Dog» dans les pronostics des experts d’Hollywood, une prévision qui s’est confirmée dimanche. «Mais je ne pense pas que ce soit un miracle. Le film mérite d’être là où il est dans cette période dans laquelle on vit. C’est un film important, un film qui fait du bien, qui touche les gens et les rassemble avec ses valeurs humaines», avait déclaré à l’AFP le producteur de «CODA», le Français Philippe Rousselet, n’osant encore envisager une victoire.
«CODA» a aussi été primé dans la catégorie du meilleur second rôle masculin avec Troy Kotsur, acteur sourd de naissance, qui a dédié sa victoire à la «communauté des sourds et des handicapés», et par l’Oscar du meilleur scénario adapté pour la réalisatrice Sian Heder.
De son côté, «The Power of the Dog», un film Netflix, a failli repartir la queue entre les jambes malgré une douzaine de nominations. Western sombre et psychologique sur des hommes n’assumant pas leur sexualité ni leurs sentiments, il avait pourtant longtemps fait figure de favori. Sa réalisatrice Jane Campion a toutefois été distinguée par l’Académie des Oscars, devenant la troisième femme à être récompensée dans cette catégorie, un an seulement après Chloé Zhao.
«Belfast», évocation en noir et blanc de l’enfance de Kenneth Branagh (Oscar du meilleur scénario original dimanche) au milieu des violences nord-irlandaises de la fin des années 1960, a dû se contenter de l’Oscar du meilleur scénario original.
Le grandiose space opera «Dune» de Denis Villeneuve s’est quant à lui distingué dans de multiples catégories techniques (son, effets spéciaux, photographie, etc).
Jeux de mains
C’est le toujours très populaire Will Smith qui a emporté l’Oscar du meilleur acteur pour «La Méthode Williams», où il interprète le père des championnes de tennis Serena et Venus Williams.
«Je veux m’excuser auprès de l’Académie» des Oscars, a lancé en pleurs l’acteur, en venant recevoir son prix. Un peu plus tôt, il avait provoqué un moment de stupeur dans la salle après être monté sur scène, apparemment furieux, pour gifler l’humoriste Chris Rock qui venait de faire une blague sur le crâne rasé de son épouse. Jada Pinkett Smith, est atteinte d’alopécie, une chute importante des cheveux.
Le public ne savait pas sur le moment s’il s’agissait d’un incident réel ou d’une séquence préparée à l’avance mais Will Smith, retenant ses larmes, a fustigé sur scène les «gens qui vous manquent de respect». «L’amour vous fait faire des choses folles», a plaidé l’acteur après avoir évoqué le rôle de «protecteur de la famille» de son personnage dans «La Méthode Williams».
Côté actrices, Jessica Chastain l’a emporté pour «Dans les yeux de Tammy Faye» et son rôle de télévangéliste au grand cœur et au maquillage outrancier, après deux nominations infructueuses pour «La Couleur des sentiments» et «Zero Dark Thirty».
Souvent critiqués pour leur manque de diversité, les Oscars ont aussi récompensé cette année Ariana DeBose, une actrice qui se définit comme «afro-latina» et queer, pour son rôle d’Anita dans le remake de «West Side Story» par Steven Spielberg.
L’actrice de 31 ans succède à la légendaire Rita Moreno, originaire comme elle de Porto Rico, qui avait déjà reçu en 1962 un Oscar pour le rôle d’Anita dans la version originale du film. «Je vous suis si reconnaissante, votre Anita a ouvert la voie à des milliers d’Anita comme moi», a-t-elle lancé à la star de 90 ans qui l’applaudissait dans la salle.
Minute de silence
Les organisateurs de la cérémonie des Oscars ont profité d’une pause publicitaire durant la cérémonie pour afficher un message appelant à «une minute de silence pour montrer notre soutien au peuple ukrainien, actuellement en butte à une invasion».
Parmi les vedettes de retour sur le tapis rouge d’Hollywood après deux ans de pandémie, certaines comme Jamie Lee Curtis ou Samuel L. Jackson avaient ajouté aux smokings ou robes de soirée de rigueur un ruban bleu exprimant leur solidarité avec les civils chassés par les conflits. Jason Momoa arborait sur scène une pochette bleue et jaune aux couleurs de l’Ukraine.
La soirée de gala avait été ouverte par les sœurs Williams et une spectaculaire performance de Beyoncé, en direct depuis un court de tennis de Los Angeles où les championnes avaient fait leurs débuts sportifs. Mais c’est la jeune Billie Eilish qui a gagné l’Oscar de la meilleure chanson pour «No Time To Die», titre du dernier James Bond.
Disney, numéro un mondial du divertissement, a ajouté un Oscar de plus à sa collection avec la victoire d’«Encanto, la fantastique famille Madrigal», une célébration de la Colombie, de sa culture et de ses traditions qui a remporté le prix du meilleur film d’animation.
Pas d’Oscar pour le court-métrage suisse «Ala Kachuu»
Le film «Ala Kachuu» de la réalisatrice germano-suisse Maria Brendle, nominé pour un Oscar dans la catégorie court métrage, n’a pas remporté de récompense dimanche à Hollywood. La statuette est revenue à «The Long Goodbye» du réalisateur britannique Aneil Karia. Maria Brendle raconte pendant 38 minutes dans «Ala Kachuu», dont le titre signifie «faire ses bagages et partir en courant», le vol d’une mariée au Kirghizistan. Environ 12’000 femmes sont victimes de cette coutume chaque année.