Un test sanguin fiable pour détecter l’alzheimer

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MédecineUn test sanguin se révèle fiable pour détecter l’alzheimer

Une grande étude confirme qu’une méthode mise au point aux États-Unis en 2020 s’avère très précise pour identifier même précocement les personnes à risque de démence.

Michel Pralong
par
Michel Pralong
Le neurologue Randall J. Bateman qui a mis au point ce test sanguin pour détecter la maladie d’Alzheimer.

Le neurologue Randall J. Bateman qui a mis au point ce test sanguin pour détecter la maladie d’Alzheimer.

Matt Miller/Washington University School of Medicine in St. Louis

Diagnostiquer la maladie d’Alzheimer chez les personnes soupçonnées d’en être atteintes est un processus compliqué, lent et onéreux. On utilise le plus souvent des scanners cérébraux radioactifs ou l’analyse des niveaux de protéine bêta-amyloïde et tau dans le liquide céphalorachidien, ce qui nécessite une ponction lombaire. Depuis plusieurs années, des chercheurs tentent de mettre au point un «simple» test sanguin qui pourrait détecter les premiers signes de la maladie. L’Empa et l’hôpital de Saint-Gall ont ainsi récemment annoncé travailler sur le développement d’un tel test.

La Washington University School of Medicine à St. Louis semble avoir pris de l’avance. Elle a en effet mis au point en 2020 déjà un premier test commercialisé, certifié par la Food and Drug Administration et qui est disponible pour les médecins aux États-Unis.

Un doute sur sa précision

Mais les scientifiques avaient un doute sur sa précision. Ils ne savaient pas en effet si de petites différences dans les méthodes d’échantillonnage, telles que le prélèvement de sang après le jeûne ou le type d’anticoagulant utilisé dans le traitement du sang, pouvaient avoir un impact important sur les résultats. Le test se base sur de subtils changements des niveaux de la protéine bêta-amyloïde dans le sang. La moindre interférence pouvait donc donner un résultat faussement positif ou négatif.

Pour vérifier que ce test était suffisamment efficace, les chercheurs ont donc mené une vaste étude internationale. Ils ont testé des échantillons de sang de près de 500 personnes inscrites à des études sur la maladie d’Alzheimer aux États-Unis, en Australie et en Suède. Or chaque étude utilisait des protocoles différents pour le traitement de ces échantillons, différences qui pouvaient interférer sur le résultat du test.

Les conclusions de cette étude, publiée dans la revue «Neurology» sont réjouissantes. Le test fournit des résultats très précis et cohérents pour les personnes atteintes de troubles cognitifs mais également pour celles qui n’en sont pas atteintes. Lorsque les taux sanguins d’amyloïde étaient combinés à un autre facteur de risque majeur de l’alzheimer (la présence de la variante génétique APOE4), la précision du test sanguin était de 88% par rapport à l’imagerie cérébrale et de 93% par rapport à la ponction lombaire.

Détecté chez des patients sains

«Ces résultats suggèrent que le test peut être utile pour identifier les patients sains qui pourraient être à risque de démence future, leur offrant la possibilité de s’inscrire à des essais cliniques lorsqu’une intervention précoce a le potentiel de faire le plus de bien», a déclaré l’auteur principal de l’étude, le professeur Randall J. Bateman, qui a mis ce test au point. «Un résultat de test négatif pourrait également aider les médecins à exclure la maladie d’Alzheimer chez les patients dont les déficiences peuvent être liées à un autre problème de santé, comme une maladie différente ou un médicament», explique-t-il sur le site de l’Université de Saint-Louis.

Le test est également capable de détecter les signes associés à la maladie d’Alzheimer même chez les patients qui ne connaissent pas encore de déclin cognitif. «Cela donne un énorme coup de pouce à la recherche et au diagnostic de la maladie d’Alzheimer, réduisant considérablement le temps et le coût d’identification des patients pour les essais cliniques et stimulant le développement de nouvelles options de traitement, se réjouit Bateman. Au fur et à mesure que de nouveaux médicaments deviennent disponibles, un test sanguin pourrait déterminer qui pourrait bénéficier d’un tel traitement, y compris chez ceux qui en sont aux tout premiers stades de la maladie».

Parmi ces traitements, de récentes recherches suggèrent qu’une substance contenue dans le Viagra pouvait contribuer à réduire l’accumulation de protéines bêta-amyloïde. Mais lutter contre cette maladie reste compliqué, d’autant plus qu’une découverte genevoise a montré qu’il existait trois types différents de l’alzheimer et donc trois manières de les appréhender.

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