Guerre en Ukraine - La Russie peut-elle compter sur la Chine?

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Guerre en UkraineLa Russie peut-elle compter sur la Chine?

La Russie se tourne vers la Chine pour atténuer l’effet des sanctions liées à son invasion de l’Ukraine, mais Pékin ne semble pas prêt à tous les sacrifices au nom de l’amitié.

Le président chinois Xi Jinping (R) serre la main du président russe Vladimir Poutine après une cérémonie de signature lors du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Qingdao, dans la province chinoise du Shandong, le 10 juin 2018.

Le président chinois Xi Jinping (R) serre la main du président russe Vladimir Poutine après une cérémonie de signature lors du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Qingdao, dans la province chinoise du Shandong, le 10 juin 2018.

AFP

Dès le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les pays occidentaux ont mis en place de lourdes sanctions, notamment économiques, contre Moscou. Plusieurs banques ont été exclues de la plateforme interbancaire Swift, un rouage essentiel de la finance mondiale destiné à faciliter les transferts. Mais si Poutine n’a pas l’air de tant se soucier des conséquences économiques sur son pays, c’est parce qu’il compte sur la Chine pour atténuer l’effet de ces sanctions. Mais d’après des analystes, Pékin n’est pas prêt à tous les sacrifices au nom de l’amitié.

La Chine a les moyens

La Chine, qui s’abstient de condamner l’intervention russe et réfute le terme «d’invasion», s’oppose  à toute sanction contre Moscou. Depuis l’invasion russe de la Crimée en 2014 et de précédentes sanctions contre le régime poutinien, les relations économiques et politiques entre Moscou et Pékin se sont considérablement renforcées.

Fort de son rôle dans le commerce mondial, le géant asiatique dispose de très loin des plus importantes réserves de change en euros et en dollars. La Chine a «les moyens financiers d’aider la Russie» et est le seul pays à pouvoir le faire, affirme l’économiste Paola Subacchi, de l’Université de Londres.

Pékin pas prêt à tout

Mais soucieux de préserver ses intérêts économiques et de ne pas s’attirer les foudres de l’Occident, Pékin n’est pas prêt à tout pour aider Moscou à contourner les sanctions. Le géant asiatique dispose de son propre système de paiement interbancaire transfrontalier (CIPS), qui fonctionne exclusivement en yuans. «Le CIPS peut en théorie partiellement remplacer Swift», indique Juuso Kaaresvirta, spécialiste des échanges Chine-Russie, à la Banque de Finlande.

Mais les banques chinoises ne «s’y risqueront pas» de peur de s’exposer à des sanctions américaines qui les priveraient d’accès au dollar, assure l’analyste.  Basée à Pékin, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII), qui est la réponse chinoise à la Banque mondiale, a suspendu jeudi ses activités avec la Russie et le Belarus, visés par des sanctions.

«Bouée de sauvetage»

Le géant asiatique risque cependant de mesurer avec «grande prudence» son soutien à la Russie, d’autant que l’Ukraine est aussi un des greniers à blé de Pékin, estime Jie Yu du centre de réflexion Chatham House à Londres. Le pouvoir communiste veut s’éviter des sanctions occidentales, sans pour autant «tourner le dos» à la Russie, observe Gary Hufbauer, chercheur au centre de réflexion Peterson Institute for International Economics (PIIE) à Washington.

Au lendemain de l’invasion de l’Ukraine, l’Australie avait accusé la Chine d’être la «bouée de sauvetage» de Moscou après la levée de restrictions sur ses importations de blé russe. L’accord, connu depuis début février mais annoncé le jour de l’invasion, permet des importations depuis toutes les régions russes, contre sept seulement précédemment.

«Les affaires vont reprendre normalement», affirme l’analyste Chen Long, du cabinet Plenum, subodorant que Pékin n’ira pas plus loin que les autres pays. Et de souligner que «l’Allemagne achète toujours du gaz russe». Pour autant, «est-ce une bouée de sauvetage de la Russie?"

(AFP)

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