Un ingénieur érige une tombe pour Internet Explorer

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Fin d’Internet ExplorerUn ingénieur érige une tombe pour le navigateur web

Les photos d’une pierre tombale en mémoire du logiciel de navigation de Microsoft sont devenues virales sur internet.

Internet Explorer a beau avoir rendu son quotidien pénible, un ingénieur informatique sud-coréen n’en a pas moins décidé de construire une pierre tombale, dont les photos sont déjà devenues virales, en mémoire de l’emblématique navigateur web du géant américain Microsoft. À rebours de beaucoup d’autres pays, la Corée du Sud, qui possède l’un des réseaux internet les plus rapides au monde en moyenne, est restée bizarrement liée à Internet Explorer, à qui Microsoft a officiellement dit adieu mercredi après 27 ans de service.

En l’honneur de la «mort» du navigateur, l’ingénieur Kiyoung Jung, 38 ans, a installé une pierre tombale sur le toit d’un café de la ville de Gyeongju, dans le sud de la Corée du Sud. Sur la stèle de couleur sombre apparaît la fameuse lettre «e», qui a longtemps trôné sur l’écran de centaines de millions d’ordinateurs, assortie d’une épitaphe: «C’était un bon outil pour télécharger d’autres navigateurs». Sur internet, les images de ce monument se sont rapidement répandues de manière virale, les utilisateurs du site de médias sociaux Reddit les ayant par exemple approuvées des dizaines de milliers de fois.

Problèmes de compatibilité

Après son lancement, en août 1995, Explorer avait rapidement supplanté le premier navigateur majeur de l’histoire d’internet, Netscape, au point de peser plus de 90% du secteur au début des années 2000. Mais le navigateur avait aussi fini par exaspérer bon nombre d’utilisateurs, qui lui reprochaient ses lenteurs et ses problèmes récurrents. Sauf qu’en Corée du Sud, il avait été rendu obligatoire pour l’usage de services bancaires et les achats en ligne jusqu’en 2014 environ, car toutes ces activités en ligne nécessitaient que les sites utilisent ActiveX – une extension créée par Microsoft. Et jusqu’à une date récente, il est resté le navigateur par défaut de nombreux sites gouvernementaux coréens, au dire de la presse locale.

En tant qu’ingénieur logiciel et développeur web, Kiyoung Jung «souffrait» constamment au travail en raison de problèmes de compatibilité liés à Internet Explorer, raconte-t-il à l’AFP. «En Corée du Sud, explique-t-il, lorsque vous travaillez dans le développement web, on attend toujours que cela fonctionne bien avec Internet Explorer, plutôt que dans Chrome», le navigateur du géant américain Google qui accapare désormais les trois quarts du marché mondial des navigateurs, selon le site spécialisé Kinsta. Or, des sites fonctionnant correctement sur d’autres navigateurs, tels que Safari ou Chrome, pouvaient en revanche présenter de nombreux problèmes sur Explorer, poursuit M. Jung, qui était alors contraint à de nombreuses heures de travail supplémentaires pour s’assurer de la compatibilité des sites en question.

Nostalgie et émotion

Microsoft avait annoncé dès 2021 la fin d’Explorer, qui aura connu onze versions successives, puis a donné en milieu d’année dernière la date du 15 juin 2022. En pratique, il sera encore possible d’utiliser Explorer, mais Microsoft n’effectuera plus de mises à jour ou de modifications sur le navigateur, lancé en août 1995. D’un côté, M. Jung se dit «ravi» de la fin annoncée du navigateur de Microsoft. Mais de l’autre, il affirme aussi ressentir de la nostalgie et de l’émotion à l’idée de la disparition d’Explorer, dont il a connu l’apogée. D’où son idée de construire une pierre tombale pour le navigateur défunt.

«Les gens sont souvent soulagés que les machines n’aient pas d’âme, mais nous, en tant qu’êtres humains, leur donnons en fait notre cœur», explique l’ingénieur à l’AFP, citant ainsi l’animateur japonais Hayao Miyazaki. M. Jung se dit aujourd’hui heureux de l’engouement suscité par sa fausse pierre tombale et précise que lui et son frère – propriétaire du café – prévoient de la laisser indéfiniment sur le toit du bâtiment. «C’était très enthousiasmant de faire rire les autres», explique-t-il.

(AFP)

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