BienneCondamné 24 ans après les faits, il fera appel
Le sexagénaire macédonien condamné pour un assassinat commis en 1999 continue de clamer son innocence.
- par
- Vincent Donzé
Quand sa condamnation à 18 ans et trois mois de prison a été prononcée hier après-midi, 24 ans après un crime commis à Bienne, le prévenu ne s’est pas rebellé. Il a baissé la tête, sans dire un mot. Mais ce Macédonien de 65 ans n’abdique pas: «Nous ferons appel», indique son avocat bernois Lukas Bürge. Son recours sera adressé à la Cour suprême bernoise.
Selon le Tribunal régional Jura bernois-Seeland, l’assassinat d’un jeune brocanteur de 22 ans qui rentrait chez ses parents avec son frère, au début de la Braderie biennoise de 1999, dans la nuit du 24 au 25 juin, était comparable à une «opération de commando militaire» minutieusement préparée.
Sans scrupule
En attendant le retour des aînés, les quatre agresseurs masqués ont ligoté les parents et le fils cadet avec du ruban adhésif pour les torturer aux électrochocs. Prêts à tout, ils ont agi «sans scrupule et avec une extrême brutalité», comme l’a rapporté le «Bieler Tagblatt».
Il y a quatre ans, lematin.ch rencontrait celle qui a vu mourir son voisin, mais ce témoin est décédé. Qui a tiré quatre fois à bout portant? L’interrogatoire du prévenu n’a rien éclairci: «Mon client est convaincu de ne pas être impliqué dans ce crime», rappelle son avocat. Les quatre agresseurs étant tous armés, le tribunal a estimé que les quatre malfaiteurs partageaient la culpabilité du crime.
Procédure suspendue
Le quatuor n’a jamais été identifié, jusqu’au jour où le Macédonien relançait une procédure suspendue en 2001, en annonçant en 2015 le prétendu cambriolage de son kiosque, à Berne.
La police flairera l’escroquerie à l’assurance et relèvera des empreintes digitales et génétiques correspondant à celles posées sur le ruban adhésif et le t-shirt de la mère de la victime. «Les traces ADN présentent des lacunes: leur valeur probante est faible», répète l’avocat Lukas Bürge, après la condamnation de son client.
Armée de libération
L’implication du prévenu de l’armée de libération du Kosovo (UCK) est avérée. Pendant la guerre du Kosovo, à la fin des années 90, il se battait au front et n’avait, selon ses dires, aucun scrupule à recourir aux armes.
L’intervention du commando s’est-elle déroulée sur fond de trafic d’armes? C’est possible: les deux frères visés avaient vendu au quatuor un pistolet-mitrailleur de type Uzi, jugé trop cher.
Non prescrits
L’assassinat et la tentative d’assassinat sont les seuls chefs d’accusation non prescrits. Ces délits lui valent 18 ans de réclusion, mais le prévenu écope de trois mois de prison supplémentaires pour avoir ensuite enfreint la législation sur les armes, entravé l’action pénale et fraudé l’aide sociale. Cette dernière infraction lui vaut une expulsion de cinq ans du territoire suisse.
Placé en détention préventive le 12 janvier 2021, le prévenu a été condamné à verser 55 000 et 30 000 francs de tort moral aux deux frères survivants. Plus de 300 000 francs de frais de procédure sont mis à sa charge.