Nous venons de vivre le deuxième été le plus chaud de l’histoire

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MétéoNous venons de vivre le deuxième été le plus chaud de l’histoire

Durant les trois derniers mois, les températures auront été de 2,3 degrés au-dessus des normes. Seul 2003 avait connu des valeurs plus élevées.

Comm/M.P.
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Genève a battu son record de température pour un mois d’août en atteignant 38,3 °C le 4 août.

Genève a battu son record de température pour un mois d’août en atteignant 38,3 °C le 4 août.

Getty Images/iStockphoto

D’un point de vue statistique, l’été météorologique 2022 s’est achevé ce mercredi 31 août. Les trois derniers mois auront été marqués par une sécheresse extrême, notamment sur l’ouest de la Suisse, des vagues de chaleur à répétition et un ensoleillement très excédentaire. En termes de températures, cet été se hisse à la deuxième place des étés les plus chauds depuis le début des relevés climatologiques, la première place restant toujours en possession de l’historique millésime de l’année 2003.

En moyenne sur l’ensemble du pays durant les mois de juin, juillet et août, les températures auront été 2,3 degrés au-dessus de la norme climatique de ces 30 dernières années (1991-2020). L’écart est ainsi supérieur à l’été 2018, mais ne parvient pas à surclasser la période estivale de 2003 durant laquelle l’excédent mesuré fut souvent supérieur à 3 degrés, écrit Nicolas Borgognon de MeteoNews.

C’est surtout l’ouest de la Suisse et le Plateau qui ont souffert, avec des températures supérieures aux normes de 2,7 degrés à Genève, Lausanne et Neuchâtel.

C’est surtout l’ouest de la Suisse et le Plateau qui ont souffert, avec des températures supérieures aux normes de 2,7 degrés à Genève, Lausanne et Neuchâtel.

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Incroyable record en juin à Neuchâtel

D’une manière générale, les températures élevées se sont maintenues tout au long des trois mois de l’été. Plusieurs pics de chaleur ont pu toutefois être mesurés, avec trois épisodes plus marqués. Le premier s’est déroulé à la mi-juin. On retiendra notamment la valeur de 36.5° mesurée à Neuchâtel le dimanche 19 juin. Non seulement il s’agit là d’un record pour cette station au mois de juin. Mais qui plus est un record tombé avant le solstice d’été, ce qui est parfaitement invraisemblable et inédit!

14 jours de suite supérieurs à 30 °C à Genève

Le deuxième épisode très chaud est intervenu vers la mi-juillet. Pour de nombreuses stations météorologiques en Suisse, le 19 juillet fut le jour le plus chaud de l’année. Il est utile ici de rappeler l’incroyable série de 14 journées consécutives avec des températures supérieures à 30° que Genève a connu entre le 12 juillet et le 25 juillet.

Et enfin le troisième pic de chaleur a frappé au début du mois d’août. Le 4 août, le thermomètre a atteint 38,3° à Genève, faisant de cette journée la plus chaude mesurée au mois d’août dans la Cité de Calvin, devançant les 37,6° du 13 août 2003.

De grands écarts entre le jour et la nuit

Une des particularités de cet été 2022 (notamment durant le mois de juillet) est le grand écart mesuré entre les températures minimales et les températures maximales. La sécheresse de l’air, combinée à l’aridité des sols et appuyée par des nuits claires a permis aux températures de souvent bien descendre durant les nuits. Du coup, le nombre de nuits tropicales est nettement inférieur à l’été 2003. Excepté aux abords immédiats des principaux lacs du pays, les régions de plaine ont ainsi connu régulièrement des journées avec des écarts de températures supérieurs à 18 degrés entre les minimales et les maximales, et parfois même des amplitudes de plus de 20 degrés.

À Genève, le 19 juillet, les températures ont bondi de 16,4° au lever du jour à 38,2° en fin d’après-midi, soit une amplitude de 21,6°. Seules deux journées durant l’été 1962 font mieux avec une amplitude thermique de 23°.

En ce qui concerne le nombre de jours dits «caniculaires», à savoir des journées durant lesquelles les températures dépassent la barre des 30 degrés, 2022 rivalise effectivement avec l’été record de 2003. La longue période de chaleur en juillet mentionnée précédemment sur l’ouest de la Suisse joue évidemment un grand rôle. Elle n’a toutefois pas suffi à des villes comme Genève ou Sion pour atteindre davantage de journées à 30 degrés que durant l’été 2003.

Plus de 60 jours caniculaires au Tessin

La situation fut plus exceptionnelle et même totalement inédite au Tessin. À Stabio, les températures ont dépassé la barre des 30 degrés pendant 63 jours, soit deux fois plus qu’en 2003. À Biasca, il y a même eu 65 jours de canicule!

La fonte des glaciers et les différents événements catastrophiques liés au dégel du permafrost à haute altitude sur le massif alpin ont à de nombreuses reprises fait la une de l’actualité durant cet été. À cet égard, on retiendra un autre record symptomatique. Celui enregistré durant la nuit du 24 au 25 juillet, lorsque la radiosonde lancée à Payerne (VD) a enregistré une limite du zéro degré à 5184 mètres.

28% de pluie en moins que la normale

Au cours de l’été, la sécheresse est devenue de plus en plus préoccupante. Les regards se sont d’abord tournés vers la France et l’Espagne, puis la situation s’est également aggravée en Suisse. Les précipitations prolongées et étendues ont été rares, voire inexistantes et ce n’est que durant la deuxième moitié du mois d’août qu’elles ont fait leur apparition. Jusqu’alors, la pluie était tombée principalement sous forme d’orages parfois violents. Comme souvent lorsque des orages se développent, la répartition des pluies se fait de manière non homogène sur le territoire. Les quantités de précipitations peuvent alors être très différentes sur de courtes distances.

Globalement, à l’échelle de la Suisse, il a plu 28% de moins que la normale. Le déficit pluviométrique est par endroits nettement plus marqué. C’est notamment le cas autour du Léman, dans certaines parties du Jura, au nord du Tessin et dans le sud des Grisons. Sur ces secteurs et régions, le déficit atteint 45 à 52%. La palme de l’extrême aridité revient toutefois à la pointe sud du Tessin. Le village de Coldrerio a connu une anomalie négative de précipitations de 75% par rapport à un été normal.

Écart en pourcent des précipitations durant les mois de juin, juillet et août par rapport à la normale 1991-2020. On remarque le déficit nettement plus marqué sur l’ouest du pays, avec un centre de gravité de la sécheresse entre Genève et Lausanne.

Écart en pourcent des précipitations durant les mois de juin, juillet et août par rapport à la normale 1991-2020. On remarque le déficit nettement plus marqué sur l’ouest du pays, avec un centre de gravité de la sécheresse entre Genève et Lausanne.

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On observe également sur la carte ci-dessus que certaines régions situées proches du lac de Constance ou dans la vallée du Rhin au nord-est de Suisse s’en sortent mieux. L’image est toutefois trompeuse. Les précipitations sur ces secteurs l’ont souvent été durant d’intenses épisodes orageux. Beaucoup de pluie en peu de temps ne peut en effet pas compenser des périodes de sécheresse prolongées. Les sols desséchés n’arrivent pas à absorber l’eau, qui a alors tendance à ruisseler en surface. Ce fut notamment le cas le 18 août. Le centre et l’est de la Suisse ont connu durant cette journée des précipitations intenses. Certains cours d’eau ont rapidement grimpé et des inondations locales ont été observées, mais sans améliorer durablement la situation sur le front de la sécheresse.

Un ensoleillement exceptionnel

Le soleil s’est montré exceptionnellement présent durant les trois derniers mois. Dans de nombreuses stations, l’été a même été le plus ensoleillé de tous les temps! En moyenne à l’échelle nationale, seuls 2003, 2015 et 2018 se situent à un niveau similaire. Au nord des Alpes surtout, l’écart fut parfois énorme. Le soleil a ainsi fait acte de présence souvent 30% de plus que la normale de ces 30 dernières années.

En attendant les valeurs définitives pour l’ensemble de l’été 2022 à l’échelle de l’Europe, on retiendra que ce sont le centre et l’ouest de la Méditerranée qui ont connu les écarts de température les plus extrêmes. Le mois de juin fut particulièrement torride et aride sur l’ensemble de l’Italie, puis au fil des semaines le centre de gravité de la chaleur s’est quelque peu décalé en direction de l’Espagne et du sud de la France. Cela a conduit à des incendies d’une étendue rarement ou jamais vue sur ces pays. Le point culminant a été atteint au cours de la semaine du 23 juillet, lorsqu’une surface aussi grande que le canton d’Argovie a été perdue dans la province de Zamora en Espagne. Durant la même période, près de 20 000 hectares de forêt ont brûlé au sud de la ville de Bordeaux. Pour la période juin-juillet 2022, l’ensemble du pourtour méditerranéen occidental a connu un début d’été encore plus brûlant que 2003.

La chaleur en 2018.

La chaleur en 2018.

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On constate en 2022 que les hautes températures se situaient plus au sud qu’en 2003.

On constate en 2022 que les hautes températures se situaient plus au sud qu’en 2003.

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