DrogueRecord historique de cultures de coca en Colombie en 2021
Avec 204’000 hectares de plantations de feuilles de coca en 2021, la Colombie a battu son record historique de surface ensemencée.
Le record historique de cultures de coca battu en 2021 en Colombie conforte le nouveau président de gauche Gustavo Petro dans sa volonté de changer de stratégie dans la lutte contre le trafic de cocaïne, estimant que «la guerre contre les drogues a échoué».
Le rapport annuel de l’Office des Nations Unies contre la drogue et la criminalité (ONUDC), publié jeudi, souligne qu’avec 204’000 hectares de plantations de feuilles de coca en 2021, le plus grand producteur de cocaïne au monde a battu son record historique de surface ensemencée, en «augmentation de 43%» par rapport à 2020.
Un plus haut jamais enregistré par l’ONU depuis qu’elle a commencé le suivi de la production de coca en 2001. La Colombie est de loin le plus grand producteur mondial, devant le Pérou et la Bolivie. Parallèlement à la culture des feuilles de coca, a aussi augmenté la production de la cocaïne convoyée vers les États-Unis, plus grand consommateur au monde, et l’Europe, passant de 1010 tonnes à 1400 tonnes.
Fin de la «guerre anti-drogues»
L’ONU souligne que l’augmentation des surfaces plantées et de la production de cocaïne est principalement due à la «vulnérabilité territoriale», à «l’augmentation de la demande mondiale» et à la présence d’acteurs armés qui profitent de ce commerce.
Les départements de Narino et Putumayo, à la frontière avec l’Équateur, sont les régions les plus productrices avec 89’266 hectares. Catatumbo, une région voisine du Venezuela arrive en deuxième position avec 42’576 hectares. Pour l’ONU, c’est une «tendance à la hausse qui se consolide depuis 2014», malgré l’intense répression menée contre les narcotrafiquants. Un nouvel argument dans la rhétorique de Gustavo Petro qui vise la fin de la «guerre anti-drogues».
Investi début août, il avait dès ses premiers discours estimé qu’il était «temps d’avoir une nouvelle convention internationale qui accepte que la guerre contre les drogues a échoué», pour lui préférer une «politique forte de prévention de la consommation» dans les pays développés. Il avait réitéré ses propos en septembre à l’Assemblée générale des Nations Unies, réclamant «la fin de la guerre irrationnelle contre la drogue».
«Prévention de la consommation»
À la présentation de ce rapport à Bogotá, le ministre de la Justice Nestor Osuna a jugé que ces chiffres «sont précisément les preuves techniques qui constituent le point de départ de la construction d’une nouvelle politique en matière de drogues».
Le gouvernement colombien peaufine encore sa nouvelle stratégie de lutte contre le trafic, qui exclut la légalisation de la cocaïne, bien que Nestor Osuna ait estimé qu’«un jour» le «commerce et le trafic» de la cocaïne devront être réglementés au niveau mondial.
Lors d’une visite début octobre à Bogotá, le secrétaire d’État américain Antony Blinken, allié traditionnel de la Colombie en Amérique latine, a dit être «sur la même longueur d’onde» que le président Petro «en ce qui concerne cette approche plus globale». Le président colombien défend les cultivateurs de coca et promet une réforme rurale pour stimuler la production alimentaire et des avantages économiques pour ceux qui abandonnent les cultures illicites.
Juteux trafic
Outre la reddition à la justice des narcotrafiquants en échange d’avantages, le nouveau président colombien ambitionne une «paix totale» dans le pays ravagé par plus d’un demi-siècle de conflit interne alimenté par le juteux trafic de la cocaïne.
Il a repris les négociations avec l’ELN (Armée de libération nationale, guévariste), dernière guérilla constituée comme telle encore active dans le pays et entend également discuter avec les dissidents des ex-FARC, qui rejettent les accords de paix de 2016.
Malgré ces bonnes volontés affichées, le président Petro est confronté à un premier revers dans les sondages depuis son arrivée au pouvoir il y a deux mois. Il ne bénéficie plus que du soutien de 46% des personnes interrogées, soit dix points de moins que lors de la précédente enquête.
La situation économique, y compris le chômage, est la principale préoccupation des Colombiens dans un pays qui subit les effets de l’inflation mondiale et d’une dévaluation historique de la monnaie locale par rapport au dollar. Mercredi, Gustavo Petro a imputé la crise aux États-Unis et à leurs politiques économiques.