FootballLa promotion du FC Sion, c’est d’abord celle de Didier Tholot
Au moment de recevoir Schaffhouse ce lundi pour la fête de la montée, le club de Tourbillon doit beaucoup à son coach, qui s’appuie sur des valeurs dans lesquelles chacun peut se retrouver.
- par
- Nicolas Jacquier
Les jeux sont faits, l’affaire entendue depuis le verdict sportif de vendredi: Tourbillon va pouvoir célébrer ses héros en ce lundi de Pentecôte de fête (mais pas férié en Valais…). Sur le coup de 14 h 15, Sion recevra Schaffhouse en toute décontraction, enfin sans pression aucune excepté celle de boucler l’exercice 2023-2024 en beauté devant son public.
Une fête de la promotion à laquelle ont également été conviés les proches, familles et autres enfants des joueurs, tous présents pour la remise du trophée. Voilà qui promet des moments intenses chargés d’émotions, probablement uniques à vivre parce que somme toute assez rares dans une carrière. Des moments qu’il conviendra de savourer comme il se doit.
Thoune prépare les barrages
Avec une différence positive (+46 contre +32 à son rival) équivalent à un point supplémentaire en cas d’égalité finale, le leader ne peut plus être rejoint, même en cas de lourde défaite assortie à un succès fleuve de Thoune à Wil. Sans être sûr qu’elle existe seulement, on ose à peine imaginer la cote d’un pari qui verrait aujourd’hui Thoune coiffer Sion et celui-ci terminer dans le simple rôle de barragiste… 5000 contre 1? 10 000 contre 1? Plus encore?
Le club bernois a été le premier à cesser d’y croire et à reconnaître la promotion directe de son rival en lançant dès samedi un solennel appel au peuple en prévision de son match de barrage contre Grasshopper.
Ce qui revient implicitement à admettre la supériorité du leader et surtout l’impossibilité mathématique de réussir à le déloger du sommet de la hiérarchie.
Si Sion est loin d’avoir surclassé l’opposition cette saison, il convient de ne pas minimiser pour autant la portée de l’exploit qu’il a réalisé en moins d’une année: retrouver une identité qui avait volé en éclats ces dernières années.
La faillite d’un système
Pour comprendre la mesure de ce que s’apprête à vivre ce lundi après-midi le club valaisan - il y fêtera officiellement le titre de champion de Challenge League après celui récolté en 1970 (on parlait alors de LNB), suivi plus tard de deux timbales décrochées au plus haut niveau (1992 et 1997) -, il faut remonter au printemps 2023.
À l’époque, le club de Tourbillon, en pleine déliquescence, est honni de ses supporters, lesquels ne s’y retrouvent pas derrière des joueurs se moquant des couleurs qu’ils portent jusqu’à les trahir, autant de divas d’opérette qui, sous les sifflets, vont précipiter le club à sa perte.
Mario Balotelli symbolise alors toute la faillite d’un système où le clinquant l’emporte sur le reste, à commencer le travail bien fait. Parce que ce FC Sion-là ne génère plus aucune émotion, le divorce est consommé avec la base.
Moins de bling-bling et plus de sueur
Il faudra l’arrivée d’un homme providentiel pour inverser la tendance. À Tourbillon, le retour de Didier Tholot pour un quatrième passage sur le banc va s’accompagner d’une nouvelle politique. Moins de bling-bling et plus de sueur, de réflexion aussi, notamment dans le recrutement, bien plus ciblé et surtout moins tape à l’œil.
Avec Tholot, qui se sent ici chez lui, c’est aussi l’instauration d’une nouvelle discipline et un cadre de travail clairement défini. L’homme a des valeurs et est parvenu à les imposer quitte à écarter ceux qui ne les respectaient pas.
Si son discours passe, c’est aussi parce que chacun peut s’y identifier, y compris dans les gradins. Tholot aime à s’appuyer sur des vertus simples (engagement, état d’esprit, sens du collectif, etc.), d’autant plus partagées qu’elles sont ressenties par le plus grand nombre. Comme par enchantement, Sion va alors progressivement retrouver tout ce qui n’existait plus.
Le mérite de l’emblématique coach aura été de rendre les Valaisans à nouveau fiers de leur FC Sion. Cela se traduit jusque dans les tribunes où les spectateurs ont recommencé à aimer cette équipe qu’ils détestaient douze mois plus tôt.
Parce que c’est sa réussite, la promotion «assurée» des héros de Tourbillon est d’abord celle de Didier Tholot, à l’origine d’une éclatante métamorphose à laquelle peu de gens croyaient pourtant, il faut s’en souvenir, au coup d’envoi du présent championnat.
Or Tourbillon a retrouvé le plaisir, la joie communicative et des émotions qui sont l’essence même du sport, autant d’éléments trop souvent galvaudés voire carrément oubliés depuis bien trop longtemps. Pour le druide local, c’est assurément là, au-delà de l’impressionnant bilan sportif à mettre à son crédit, sa plus belle victoire.
Un héritage qu’il conviendra de respecter lorsque s’ouvrira tout prochainement le mercato valaisan. Mais avant cela, il y a d’abord une fête de la promotion à savourer sans modération.