Hockey sur glace – Quels souvenirs a laissé le prodige McTavish à Olten?

Jeudi matin, lorsque ses paupières se sont décollées et qu’il a consulté les messages sur son téléphone dit intelligent, Marc Grieder a lâché un «Yes». Ou plutôt un «Ja».

Marc Grieder est le directeur sportif du EHC Olten.

Le club soleurois de Swiss League est l’équipe qui avait accueilli le jeune attaquant canadien à licence suisse Mason McTavish (17 ans à l’époque) pendant la saison 2020-2021.

Repêché en 3e position overall par les Ducks d’Anaheim (NHL) le 23 juillet 2021, Mason Tavish a réalisé des débuts tonitruants dans la meilleure ligue du monde. Dans la nuit de mercredi à jeudi, il a amassé un but et un assist dans la victoire contre les Jets de Winnipeg (4-1).

D’où le «Yes», ou plutôt le «Ja», de Marc Grieder.

«Avec nous, raconte l’ancien défenseur professionnel, il avait inscrit son dernier goal à Graben (ndlr: la patinoire de Sierre, en quart de finale des play-off). Jeudi, quand il a marqué avec Anaheim, il a célébré le moment de la même manière. A huis clos dans un stade de Swiss League ou dans une aréna comble à son tout premier match de NHL, c’était pareil. Cela montre à quel point ce jeune homme aime le jeu.»

Dans la foulée, d’autres souvenirs ont refait surface.

Marc Grieder, qui avait notamment porté le maillot du Lausanne HC de 2006 à 2009, s’est dit qu’il ne regrettera jamais les nuits blanches passées au téléphone avec des fonctionnaires canadiens à une période où il n’était pas simple de traverser l’Atlantique. «Mason a une licence de jeu helvétique, mais n’a pas de passeport suisse. Lui obtenir un visa en pleine pandémie avait pris beaucoup de temps.»

Il s’est également remémoré cet échange surprenant à l’aéroport de Zurich où, vers 8h du matin, il avait accueilli le jeune homme. «Après lui avoir souhaité la bienvenue, je lui avais expliqué qu’on allait se rendre dans sa famille d’accueil, celle du président du club en fait, pour qu’il puisse se reposer et digérer les effets du décalage horaire. Savez-vous ce qu’il m’avait rétorqué?» Non… «A quelle heure est l’entraînement?» A 10h, il était en uniforme sur la glace du Kleinholz.

Il a encore repensé à l’athlète McTavish. «Il n’avait que 17 ans, mais il avait déjà un corps d’athlète. Je ne dirais pas «body-builder», mais il y avait un peu de ça. J’avais tout de suite compris que ce jeune avait choisi de se donner les moyens de concrétiser son rêve. La salle de force était son environnement familier. C’était vraiment impressionnant.»
Il a aussi souri en songeant à une décision technique prise en concertation avec l'entraîneur en chef (il était également son assistant). «Comme il n’avait jamais joué contre des adultes, on avait commencé mollo, on l’avait placé sur le troisième bloc. Dès le deuxième match, il figurait à côté de l’un de nos étrangers sur le premier trio. Ce n’était pas un cadeau. C’était sa juste place.»

Il a encore ressassé un petit regret. Le moment où Mason Tavish avait quitté les Souris soleuroises pour se rendre au Texas afin d’y disputer les Mondiaux M18 avec le Canada. Une compétition majeure pour séduire les recruteurs de la NHL. «On avait perdu la demi-finale contre Kloten en six matches. Mais c’était très serré. Peut-être que si Mason avait été là…»

Dans cette aventure de trois mois, Olten a remporté bien plus qu’un match. Il a gagné une image. A jamais, il demeurera le premier club professionnel à avoir accordé une chance à un probable futur joueur étoile.