Jura bernoisLa jalousie serait au cœur du drame de Tramelan
L’homme de 74 ans, qui s’est donné la mort dans son appartement de St-Imier, a suivi son ancienne copine jusque dans le village voisin pour lui tirer dessus.
- par
- Vincent Donzé
Quelle est la nature du drame qui s’est déroulé avant-hier à Tramelan et à St-Imier, deux communes distantes d’un quart d’heure en voiture? Pourquoi un homme de 74 ans, retraité, a-t-il tiré avec une arme de poing sur une femme et s’est battu avec un homme, dans l’appartement de ce dernier? «Les trois personnes impliquées se connaissaient personnellement», indiquait hier la police cantonale bernoise.
À St-Imier, dans l’immeuble de 24 appartements où l’agresseur s’est donné la mort, les voisins de palier mettent la jalousie au cœur du drame qui s’est joué lundi en deux temps. «C’est une histoire de sexe. «Je suis porté sur le c…», me disait-il», confie une voisine.
De son amie, sur qui il a tiré lundi, le retraité disait: «Elle fait la pute», en évoquant d’autres relations supposées. «Je l’ai croisé au parking avant son départ pour Tramelan. Bonjour-bonjour, il m’a fait un beau sourire…», témoigne une voisine. «Il savait ce qu’il allait faire en partant» en déduit le voisinage.
Langage ordurier
«J’en ai marre, je l’ai foutue loin», affirmait le retraité de St-Imier à qui voulait l’entendre, en parlant de sa copine. Son langage ordurier débordait dans la cage d’escalier. «Il m’arrivait de rencontrer une dame assise sur une marche, devant sa porte», raconte un voisin.
M. F. est monté dans sa Golf noire avec un objectif: la rue Crêt-Georges à Tramelan. C’est là qu’il a tiré sur la femme qu’il fréquentait et qui passe pour une femme de ménage. Les deux retraités ont dû en découdre: tous deux ont été blessés avec ce que la police appelle «un objet contondant».
Tandis que les deux victimes étaient hospitalisées, elle par hélicoptère et lui par ambulance, la police s’est rendue à St-Imier, à 13 kilomètres de là, chez l’agresseur présumé. À la tombée de la nuit, un policier était posté à l’entrée de l’immeuble pour filtrer son accès, mais l’assaut a été donné plus tard.
Selon les voisins pourtant tenus à l’écart, les policiers ont d’abord introduit une caméra dans l’appartement, après avoir forcé la porte dépourvue de judas. «Des mesures de sécurité ont été prises avant de pouvoir pénétrer et fouiller le bâtiment étant donné qu’il était possible qu’une personne armée s’y trouve», a indiqué la police bernoise.
Durant la fouille, le retraité a été retrouvé sans vie. «En raison des éléments sur place, rien n’indique l’implication d’une tierce personne», a précisé la police. Quand l’agresseur de Tramelan s’est-il ôté la vie? À 17 heures, un locataire a entendu du bruit émanant de cet appartement, mais aucun coup de feu n’a secoué l’immeuble.
Militaire à 100%
«Il a préféré en finir plutôt que de terminer sa vie en prison», suppose un voisin. «C’est triste», ajoute une voisine qui fumait une cigarette sur son balcon au milieu de la nuit quand la police a chargé la Golf noire sur un camion. Le retraité était «militaire à 100%», selon les voisins qu’il invitait à boire un café devant une collection de maquettes d’avions et d’hélicoptères qu’il époussetait au pinceau.
«Il avait des armes», suppose une locataire. Mais comme celui de Tramelan, le retraité de St-Imier passait pour un homme «sans histoires» et «assez discret». «Ici, c’est «Plein Soleil» un endroit où il fait pourtant bon vivre…», ironise une voisine, en évoquant le nom de son immeuble.