Guerre en UkraineMoscou recrute au Kazakhstan au grand dam des autorités locales
Un procureur régional a dénoncé les tentatives d’engagement de ses concitoyens dans l’armée russe pour combattre en Ukraine.
Le Kazakhstan a reconnu pour la première fois des tentatives d’enrôlement de ses citoyens dans l’armée russe pour combattre en Ukraine, sujet sensible dans ce pays d’Asie centrale allié de Moscou mais souhaitant rester neutre dans cette guerre. «Nous avons observé dans notre région des tentatives de recrutement de la population locale vers la Fédération de Russie pour participer au conflit armé en Ukraine», a indiqué jeudi soir dans un communiqué le procureur de la région de Kostanaï (nord). Cette immense région, à la superficie égale à un tiers de la France, est frontalière de la Russie et plus de 40% des quelques 880’000 habitants sont d’origine russe.
Il s’agit de la première déclaration en ce sens des autorités kazakhes, alors que des dizaines de citoyens originaires des ex-républiques d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan) ont déjà été tués en combattant en Ukraine, d’après des médias locaux.
Il est compliqué d’obtenir des informations à ce sujet, prérogative des services de sécurité qui restreignent leurs diffusions, d’autant que les pays de la région font partie d’alliances politiques, militaires et économiques avec la Russie. Le procureur de Kostanaï a également pointé du doigt les appels au séparatisme de certains citoyens kazakhs.
Ces derniers mois, quelques citoyens kazakhs ont été condamnés pour séparatisme, généralement prorusse, et des propagandistes russes ont menacé à plusieurs reprises le Kazakhstan d’être la prochaine cible des velléités expansionnistes du Kremlin. Le Kazakhstan partage avec la Russie la plus longue frontière terrestre ininterrompue au monde (plus de 7500 kilomètres).
Les autorités kazakhes ont à plusieurs reprises exhorté leurs citoyens à ne pas se battre en Ukraine, alors que l’armée russe tente d’attirer des recrues pour combler ses pertes, promettant divers avantages.
Les migrants originaires des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale et vivant en Russie, démunis économiquement, loin de leur pays d’origine et généralement russophones, sont ainsi devenus des cibles de choix.