Corée du Sud: «J’aurais voulu que nous puissions les protéger»

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Corée du Sud«J’aurais voulu que nous puissions les protéger»

Chagrin, larmes et colère se mélangeaient lundi devant le mémorial des victimes de la bousculade d’Halloween à Séoul, la plus meurtrière de l’histoire sud-coréenne.

Les habitants de Séoul sont bouleversés par cette tragédie.

Les habitants de Séoul sont bouleversés par cette tragédie.

AFP

Inconsolable, Song Jung-hee continue à pleurer après avoir déposé un chrysanthème blanc au pied du mémorial. «J’aurais voulu que nous puissions les protéger», dit-elle, en parlant des 154 personnes tuées samedi dans un mouvement de foule dans le quartier cosmopolite d’Itaewon à Séoul. Des témoins oculaires ont décrit des scènes d’horreur, des victimes piégées et écrasées à mort, sans aucune présence policière ni mesure de canalisation de la foule.

«Je me sens coupable. Nous avons laissé tomber les jeunes», se lamente Song Jung-hee en essuyant ses larmes. Elle est loin d’être la seule à pleurer devant l’immense autel dressé dans le centre de Séoul. «J’ai pleuré toute la nuit pour les pauvres jeunes gens que nous avons perdus. Ils étaient si jeunes, dans la fleur de l’âge», dit Park Sun-ja, 71 ans, les yeux gonflés derrière ses lunettes de soleil. «C’est une telle perte pour notre pays!»

Si les plus jeunes des victimes étaient des enfants en âge d’être scolarisés, la majorité des personnes décédées étaient des femmes dans la vingtaine. «Les victimes étaient jeunes, j’ai à peu près le même âge et je suis juste bouleversée par ce qui s’est passé», déclare Hwang Gyu-hyeon, une étudiante de 19 ans, qui lutte pour réprimer ses larmes.

«Rien n’a été fait»

«Je prie pour les victimes. Je n’arrive pas à croire que cet accident se soit produit malgré les signes qui étaient clairs à l’avance. Rien n’a été fait pour se préparer à cette foule», critique-t-elle. Les 154 victimes comprenaient des personnes originaires de plus d’une dizaine de pays, de l’Australie au Vietnam en passant par la France, les États-Unis, la Chine et le Japon. La femme d’affaires japonaise Chi Naomi, 46 ans, explique que la mort de deux de ses compatriotes lui a fait toucher du doigt la catastrophe.

«On n’a pas l’impression que c’est la tragédie de quelqu’un d’autre», dit-elle. «Je me demande pourquoi il n’y avait pas de contrôle approprié à Itaewon ce jour-là», poursuit-elle. «Je me suis moi-même rendue sur le site, et c’est une si petite ruelle! Ils auraient pu prendre de nombreuses mesures, comme rendre la ruelle à sens unique ou limiter le nombre de personnes présentes. Je ne comprends pas pourquoi ces mesures n’ont pas été prises».

Chants bouddhistes

Dans le quartier d’Itaewon, un mémorial a été improvisé près de la ruelle de trois mètres de large où a eu lieu la catastrophe. Des moines bouddhistes entonnent des prières et répandent de l’encens. Des amis se serrent dans les bras les uns des autres pour se réconforter. Les fleurs, bouteilles d’alcool et autres objets apportés en offrande s’amoncellent jusqu’à occuper une grande partie du trottoir.

«Nous étions là, mais nous sommes partis avant que cela ne devienne trop fou, parce que c’était trop», raconte Robyn Lindsay. Ce n’était que le début de la soirée, mais elle et son ami se sont déjà sentis «un peu écrasés» par la foule et ont battu en retraite, poursuit-elle, ajoutant qu’elle réalise maintenant qu’ils ont été «très très chanceux». «Nous pensons simplement à toutes les victimes et à leurs familles», dit-elle, en essuyant ses larmes devant le mémorial.

(AFP)

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