JuraUn forcené réclame 10 000 francs à la police
Les agents s’y sont mis à quatre pour neutraliser un homme accusé de violence conjugale. Intervention trop musclée?
- par
- Vincent Donzé
En vingt ans de service, un policier jurassien n’avait jamais fait face à un forcené aussi dur, aussi dangereux. Les agents n’étaient pas trop de quatre, l’hiver dernier, pour neutraliser et menotter un homme accusé de violence conjugale, retranché chez lui avec ses enfants dans une commune ajoulote.
Deux policiers ont décrit «une sacrée force», «hors du commun». Pour un autre, le forcené était «franc fou, dingue» sous l’influence de l’alcool et de la cocaïne, comme l’a rapporté «Le Quotidien Jurassien». L’intervention s’est révélée tumultueuse au point de conduire le forcené à l’hôpital pour divers traumatismes et fractures, des lésions qui lui ont valu six semaines d’incapacité de travail.
Jugeant l’intervention policière «totalement disproportionnée», le forcené qui a reçu des coups de pied et de poing a porté plainte pour lésions corporelles. Trois côtes cassées et un poumon perforé ont été diagnostiqués, mais selon les policiers accusés d’avoir agi «comme des cow-boys», c’est accidentellement qu’un agent lui est tombé dessus.
Complément d’enquête
Le Ministère public a classé l’affaire, mais le prévenu a saisi la Chambre pénale des recours, laquelle lui a donné raison! Un complément d’enquête dira si l’affaire peut être classée ou si elle doit être renvoyée devant un juge. Les fractures découlent-elles des coups administrés ou de la chute d’un policier? Toujours selon «Le Quotidien Jurassien», cette question doit être tranchée par une expertise médicale détaillée.
Les juges cantonaux ont aussi constaté que frapper un homme au sol, ça ne fait pas partie des règles enseignées aux policiers. Peut-être valait-il mieux utiliser un spray au poivre? Il appartient au Ministère public de rouvrir l’enquête et de formuler des conclusions mieux documentées. Le forcené réclame 10 000 francs de dédommagement à l’État.