Des mots crus qui dérangent à la cathédrale de Lausanne

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PolémiqueDes mots crus qui dérangent à la cathédrale de Lausanne

Un spectacle féministe et queer, présenté dans le cadre du Festival de la Cité, a heurté certaines sensibilités.

Eric Felley
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Eric Felley
La chorale Hot Bodies qui a chanté samedi soir à la cathédrale.

La chorale Hot Bodies qui a chanté samedi soir à la cathédrale.

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Les combats ne manquent pas pour le journaliste et rédacteur en chef du journal conservateur vaudois «Le Peuple», Raphaël Pomey. Après avoir dénoncé les drag-queens qui font des lectures dans les bibliothèques, voilà qu’il s’en prend à un spectacle donné samedi dernier à la cathédrale de Lausanne dans la cadre du Festival de la Cité. À cette occasion s’est produite la chorale Hot Bodies, dont le concept est de réunir des personnes «désireuses de partager et d’élargir leurs pratiques féministes et queers dans le cadre d’ateliers d’écriture et de chant choral».

«Excuses publiques»

Le concept veut que les participants chantent «des manifestes uniques, polyphoniques et indisciplinés». Ils sont arrangés par le musicien Gérald Kurdian et interprétés en direct. La performance de Lausanne, après Bruxelles et Paris, a été créée en collaboration avec la réputée Fête du Slip de Lausanne. Le résultat a consacré un langage pour le moins cru, où un chat s’appelle un chat, et encore mieux si c’est une chatte. Raphaël Pomey a lancé sur le site du «Peuple» une pétition estimant que la cathédrale a été «profanée» par des propos vulgaires. «Les lieux de culte en général, écrit-il, n’ont pas à accueillir des événements qui évoquent des pratiques sexuelles intimes». Et de demander «des excuses publiques pour les chrétiens blessés par un tel spectacle».

Des termes «qui manquent de nuance»

Sa pétition a dépassé ce mardi les 1100 signatures. Petite victoire pour le rédacteur en chef du Peuple, il a interpellé Jean-Luc Schwaar, directeur général du Département des institutions, du territoire et du sport. Celui-ci regrette «que certains termes utilisés dans les chansons interprétées lors de ce spectacle manquent de nuance et sont mal adaptés au lieu». Il ajoute avoir donné son aval «sur la base de renseignements fournis par la direction du festival et du visionnage des vidéos présentant la chorale en question. Les textes des chansons interprétées ne nous ont pas été fournis, puisqu’ils ont, selon nos informations, été écrits après la programmation».

Un «message de tolérance et d’inclusivité»

Ce que confirme la directrice du Festival de la Cité, citée par «Blick». Elle justifie d’abord le choix de la cathédrale: «Il s’agit d’une chorale et, au niveau acoustique, c’est la scène qui clairement s’y prêtait le mieux. Les paroles des chants sont le fruit d’un workshop organisé entre la Fête du Slip et le Festival de la Cité. Le concert est l’aboutissement de ce projet.» Elle n’y voit aucune provocation, tout en ajoutant: «Nous sommes navrés si nous avons heurté la sensibilité de certaines personnes. Les paroles véhiculent un message de tolérance et d’inclusivité, soit des valeurs portées par le festival, et elles n’ont d’ailleurs rien de blasphématoire.»

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