DiplomatieAthènes et Ankara déterminés à surmonter tensions et divergences
Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a accueilli à Athènes jeudi le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Ils entendent aplanir leurs différends territoriaux et migratoires.
Après des années de relations tendues, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis ont affiché, jeudi à Athènes, leur volonté commune de chercher des solutions aux différends qui opposent leurs deux pays rivaux, notamment territoriaux et migratoires.
«Il n’y a aucun problème qui ne puisse être réglé entre nous», a martelé le chef de l’État turc à l’issue d’un entretien avec Kyriakos Mitsotakis dans la capitale grecque, où il effectue sa première visite depuis 2017. «Il suffit pour cela d’agir avec de bonnes intentions, de se concentrer sur une vision d’ensemble.»
Les relations entre ces deux rivaux historiques, mais partenaires au sein de l’OTAN, ont connu ces dernières années «des fluctuations qui parfois les menaçaient dangereusement», a admis le chef du gouvernement grec.
«Nos différences sont connues. Mais nous devons chercher des solutions», a-t-il ajouté, précisant vouloir se rendre à Ankara «au printemps» 2024. «Nous avons une opportunité et nous devons en profiter. Je veux aujourd’hui regarder vers l’avenir.»
Tensions autour d’îles de la mer Égée
Ces dernières années, les tensions ont été particulièrement vives autour de la délimitation du plateau continental des îles grecques en mer Égée, des zones d’exploitation maritimes et du dossier migratoire.
Mais pour le président turc, qui a longtemps entretenu une rhétorique belliqueuse envers la Grèce, membre de l’Union européenne, l’important c’est «la volonté de résoudre ces problèmes». «S’il peut y avoir des divergences d’opinions même entre deux frères, il est naturel qu’il y ait des divergences d’opinions entre deux voisins.»
Les tensions avaient été ravivées par les tentatives de la Turquie d’explorer des gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale. En 2022, Recep Tayyip Erdogan a également accusé la Grèce «d’occuper» les îles de la mer Égée et a proféré une menace claire: «Nous pourrions arriver soudainement une nuit.»
Une déclaration de «bon voisinage»
Mais à la faveur du terrible séisme qui a frappé le sud de la Turquie, en février, et tué au moins 50’000 personnes, les deux pays, qui partagent une histoire commune de plusieurs siècles, ont amorcé un rapprochement tangible.
Recep Tayyip Erdogan et Kyriakos Mitsotakis avaient entériné cette détente lors d’une rencontre en marge du sommet de l’OTAN, en juillet. À Athènes, les deux dirigeants ont également signé une déclaration commune de «bon voisinage».
Seize accords bilatéraux signés
Alors que l’économie turque est engluée dans une grave crise, ils ont émis le vœu de doubler les échanges commerciaux entre leurs deux pays, pour atteindre dix milliards d’euros. Seize accords bilatéraux ont été signés entre plusieurs ministres des deux pays, qui tiennent pour l’occasion une réunion du Haut Conseil de coopération, un organe bilatéral.
Athènes et Ankara veulent aussi relancer un programme de visas pour les Turcs souhaitant se rendre sur dix îles grecques proches des côtes turques, comme Rhodes ou Lesbos, et qui pourront séjourner durant sept jours sur ces îles.
La Turquie avait été accusée de pousser des migrants vers la Grèce
La dernière visite du président turc, il y a six ans, avait été marquée par une brouille diplomatique, suivie d’une période de tension sur leur longue frontière maritime et terrestre entre 2020 et 2022. La Turquie avait alors été accusée d’avoir poussé des migrants vers la Grèce pour faire pression sur les Vingt-Sept, qui avaient promis de verser une aide financière à Ankara pour la prise en charge de réfugiés syriens sur son sol.
«Nous avons une bien meilleure coopération en matière d’immigration, qui doit être encore améliorée», a noté Kyriakos Mitsotakis, assurant que les départs de migrants en quête d’asile dans l’Union européenne depuis les côtes turques avaient diminué de manière significative récemment.