Pollution atmosphériqueLe risque que notre air soit pollué par la fumée des feux au Canada est faible
Selon des scientifiques européens, le nuage de fumée chargé en particules fines, arrivé lundi sur l’Espagne et l’Irlande, circule trop haut dans l’atmosphère pour affecter la qualité de l’air.
La fumée des incendies sans précédent au Canada a atteint lundi l’ouest de l’Europe, mais les particules fines qu’elle contient circulent à plusieurs kilomètres d’altitude et il est «peu probable» qu’elles aient un effet sur la qualité de l’air en Europe, a indiqué l’observatoire européen Copernicus.
«Le panache de fumée atteint la péninsule Ibérique ainsi que l’Irlande et le Royaume-Uni, et finira par traverser la France, les pays du Benelux, l’Allemagne avant de poursuivre plus à l’est», a précisé, lundi, Mark Parrington, scientifique au Service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus (CAMS).
Plus de 80 feux de forêt encore actifs au Québec
Dimanche, 81 feux de forêt étaient encore actifs au Québec, dont 27 considérés comme hors de contrôle. Une fumée âcre recouvrait Montréal, où des niveaux exceptionnels de pollution ont été atteints, entraînant l’annulation de plusieurs manifestations culturelles ou sportives.
Mais en Europe les prévisions du CAMS, établies à partir d’observations par satellite, «montrent des valeurs élevées de concentrations d’aérosols (…) à travers l’Atlantique, mais principalement à des altitudes très élevées, et il est peu probable que ça ait un impact sur la qualité de l’air en Europe», selon Mark Parrington.
Ces aérosols désignent les particules fines en suspension dans cette fumée d’incendie, composée notamment de monoxyde de carbone, un «produit de combustion incomplète» dont la «durée de vie atmosphérique d’environ un mois» en fait un «très bon traceur du transport des fumées», souligne le scientifique.
Entre 2 et 8 km d’altitude
«Le transport à longue distance des fumées, et de la pollution atmosphérique en général, se produit à des altitudes élevées, entre 2 et 8 km, où la durée de vie atmosphérique de certains polluants est plus longue et où ils peuvent être transportés plus rapidement par des vents plus forts, tels que le courant-jet dans le cas des fumées provenant des incendies dans les régions boréales», détaille Mark Parrington.
«Ce phénomène n’est pas rare quand les émissions sont suffisamment importantes, comme dans le cas des incendies de forêt» et «nous observons presque chaque année un transport de fumée similaire à travers l’Atlantique à partir d’incendies en Amérique du Nord».
«Pour l’instant, il n’y a pas d’effet prévu pour Paris» et la région parisienne, a indiqué l’observatoire Airparif lundi matin. «Mais on ne peut pas exclure du dépôt, c’est-à-dire des retombées», si les courants atmosphériques se modifient dans les prochains jours et que les strates d’altitude se mélangent aux strates inférieures, selon Pierre Pernot, ingénieur chez Airparif.