RechercheUn système suisse détecte le coronavirus en moins de 10 minutes
Des scientifiques ont mis au point un test qui repère avec une rare précision l’ARN du virus dans la salive. Il serait très pratique dans les aéroports et centres de dépistage.
- par
- Michel Pralong/Comm
Les tests pour repérer si une personne est positive au coronavirus ont rapidement été mis au point après l’apparition de la maladie. Il en existe de plusieurs sortes, mais ils nécessitent presque tous un prélèvement nasal et, même si le processus a été accéléré, le résultat prend un certain temps avant d’être connu. Avec en outre une marge d’erreur.
Le système que trois institutions suisses viennent de mettre au point pourrait grandement simplifier la démarche et améliorer les résultats. Ce dispositif peut ainsi distinguer le SRAS-CoV-2 des autres virus respiratoires, comme le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV). Le projet a été dirigé par Sandrine Gerber-Lemaire de l’EPFL, Igor Stefanini de la Haute école spécialisée de la Suisse italienne (SUPSI) et Francesco Bertoni de l’Université de la Suisse italienne (USI).
Une goutte d’eau dans une piscine
Le dispositif, décrit dans ScienceDirect, utilise un biocapteur à ADN pour détecter l’ARN du coronavirus dans la salive humaine. Lorsque l’ARN viral se lie au biocapteur à ADN, il forme un duplex ADN/ARN. Celui-ci est ensuite détecté par le biocapteur, qui peut détecter jusqu’à 10 attomolaires d’ARN du virus. À titre indicatif, un attomolaire équivaut à une goutte d’eau dans une piscine olympique.
Le dispositif repose sur la microfluidique, une technologie qui permet de contrôler l’écoulement de très petites quantités de liquides dans de minuscules canaux. Grâce à la microfluidique, le nouveau dispositif contrôle le flux de salive pour permettre au biocapteur à ADN de détecter l’ARN viral. Le duplex ADN/ARN est ensuite détecté par des mesures de fluorescence, intégrées au dispositif.
Pas de faux positifs
Le détecteur de virus peut être déployé dans des environnements non médicaux et fournir des résultats en moins de dix minutes. Il convient donc parfaitement aux diagnostics de terrain dans les aéroports, les écoles ou les lieux de travail. Et comme il est hautement sélectif pour le virus SRAS-CoV-2, il ne produit pas de faux positifs pour les autres coronavirus.
Ce dispositif peut jouer un rôle important dans la surveillance de la population et les efforts de limitation de propagation de la pandémie de Covid-19. Si le nombre de tests du coronavirus est à la baisse en Suisse, n’étant plus gratuits, ce dispositif a quoi qu’il en soit un avenir puisqu’il peut également être adapté pour détecter d’autres virus en modifiant simplement la sonde du biocapteur. «Ce dispositif est très polyvalent, affirme Sandrine Gerber-Lemaire. L’unité de biocapteur peut être facilement adaptée à la détection d’autres virus par la sélection et l’immobilisation d’autres séquences de sondes d’ADN.»
L’équipe, nous explique-t-elle, est en train d’améliorer ce dispositif, notamment en cherchant un moyen de remplacer la détection par fluorescence par un autre, moins coûteux. Après, il s’agira de créer une start-up qui pourra lancer la production de ces appareils à grande échelle.
Utile aussi pour les moustiques
Cette méthode de détection n’est pas valable que pour l’humain. Au Tessin, un programme de surveillance de la circulation potentielle d’arbovirus transmis par le moustique tigre asiatique repose sur la récolte de la salive de moustiques pour savoir si ces insectes sont porteurs de maladies dangereuses pour l’homme, comme le chikungunya. «Notre test pourrait leur être très utile pour détecter rapidement la présence de tels virus», explique Sandrine Gerber-Lemaire.