Traite des êtres humainsLa lutte est très différente d’un canton à l’autre
Confrontés différemment à la traite des êtres humains, les cantons ne la combattent pas de la même manière. Des améliorations sont possibles, révèle Fedpol.
La Suisse n’est pas épargnée par la traite d’êtres humains, qu’elle soit à des fins d’exploitation sexuelle ou d’exploitation de la force de travail. Après que des organes de surveillance internationaux ont critiqué le fait qu’il existe «des différences considérables entre les cantons en matière de lutte contre la traite», l’Office fédéral de la police (Fedpol) a chargé le Centre suisse de compétence pour les droits humains (CSDH) d’établir le rapport «La lutte contre la traite des êtres humains dans le contexte cantonal». Les résultats publiés ce jeudi révèlent qu’il existe bel et bien «des différences marquées entre les cantons».
Selon les auteurs du rapport, cela se comprend principalement du fait que «les cantons ne présentent pas tous les mêmes risques s’agissant de traite des êtres humains». Les cantons urbains affichent un risque élevé de traite qui «dépend en grande partie de l’importance du commerce du sexe». À l’inverse, les cantons plus ruraux et touristiques peuvent présenter «un risque élevé d’exploitation de la force de travail», dévoile le rapport.
Conscients de ces différences, les cantons s’adaptent donc en fonction de leur risque respectif. À noter que «dix-huit cantons disposent d’une table ronde contre la traite des êtres humains et assurent ainsi la collaboration entre les acteurs concernés (police, justice, autorités migratoires, services de protection des victimes)».
Focus sur l’exploitation sexuelle
Le rapport souligne toutefois un problème: en Suisse, la lutte contre la traite des êtres humains «est encore fortement axée sur l’exploitation sexuelle». En conséquence, de nombreux cantons ne prennent pas suffisamment en compte les dangers d’exploitation dans d’autres domaines.
Face à ce constat, le rapport propose «de former davantage les inspecteurs du travail et les autres acteurs susceptibles d’entrer en contact avec des victimes potentielles, de mettre en réseau les services et les organisations concernés, de créer une norme pénale distincte pour l’exploitation de la force de travail et de sensibiliser la population».