MarocUn baron de la drogue français arrêté dans une clinique marocaine
Sofiane Hambli était en cavale depuis le mois de mars. À la demande des autorités françaises, Interpol avait émis un mandat d’arrêt international à son encontre, via une notice rouge.
Nouveau coup de filet chez les barons de la drogue français: le trafiquant de haut vol Sofiane Hambli, en cavale depuis sept mois, a été interpellé vendredi au Maroc, quelques mois après d’autres importantes arrestations. Sofiane (aussi orthographié Sophiane) Hambli, personnage clé du scandale de l’importation en France de 7 tonnes de cannabis en 2015, qui avait abouti à l’éviction de l’ex-patron de la lutte antidrogue François Thierry, était recherché dans le cadre d’une autre affaire d’importation de stupéfiants, a indiqué une source proche, confirmant une information de l’Obs.
Le Français d’origine algérienne, âgé de 46 ans, s’est présenté à la clinique sous de faux papiers allemands «avec une plaie de 20 centimètres à la joue» causée par «un sabre ou une machette», selon cette source, précisant que son pronostic vital est encore «réservé».
Samedi, la Direction générale de la sûreté nationale marocaine (DGSN) avait annoncé dans un communiqué avoir arrêté «un ressortissant français d’origine algérienne, pour son implication présumée dans le trafic international de drogue dans le cadre d’un réseau criminel organisé transnational», sans préciser son identité.
«Le suspect blessé subit actuellement les soins nécessaires à l’hôpital dans l’attente de l’enquête judiciaire qui sera menée» tant sur ses activités de trafic de stupéfiants que sur les auteurs et les motifs de son agression, ajoutait le communiqué.
Au Maroc, Sofiane Hambli est également mis en cause dans des «affaires de trafic international de drogue» et fait l’objet d’un avis de recherche national, selon la DGSN. «Dès qu’il sera rétabli, on ira le chercher», a indiqué une source proche du dossier côté français.
Sofiane Hambli, surnommé «La Chimère», est soupçonné par la justice française d’avoir perçu 2,5 millions d’euros pour organiser la logistique de l’importation de quatre tonnes de cannabis, des accusations qu’il avait démenties en mai via son avocat Hugues Vigier. Sollicité par l’AFP, ce dernier n’était pas joignable dans l’immédiat.
Mandat d’arrêt international
Placé en détention en novembre 2020 dans ce dossier puis libéré sous contrôle judiciaire en mars après une décision favorable de la Cour de cassation, le trafiquant de drogue s’est vu notifier peu après un mandat de dépôt par la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris.
Ne s’étant pas présenté à la justice et la police ne l’ayant pas retrouvé, Sofiane Hambli était depuis considéré en cavale et Interpol avait émis un mandat d’arrêt international à son encontre, via une notice rouge, à la demande des autorités françaises.
Né à Mulhouse, le trafiquant au lourd casier judiciaire est coutumier de la cavale. Il avait notamment été interpellé en 2004 en Espagne après son évasion l’année précédente de la prison de Metz. En 2009, c’est encore en Espagne qu’il avait été arrêté alors qu’un tribunal français l’avait condamné par défaut à 18 ans de prison.
Plusieurs «gros barons» français arrêtés
En mars, un autre baron de la drogue français, Moufide Bouchibi, ancien proche de Sofiane Hambli, avait été arrêté à Dubaï avant d’être extradé en France. Recherché depuis plus de dix ans par la police française, Moufide Bouchibi, surnommé «Mouf», 41 ans, a été condamné en septembre à 16 ans de prison à Bordeaux pour une série de go fast en 2011.
Il était entré dans le trafic de stupéfiants à grande échelle au début des années 2000, aux côtés de «La Chimère». Recherché par les policiers spécialistes de la lutte contre les trafics de stupéfiants (Ofast), ce trafiquant, originaire de l’Essonne, avait réussi à plusieurs reprises à passer à travers les mailles du filet.
Deux autres «gros barons» français, Karim Benkhelif dit «Mâchoire» et un certain «Marcassin» (Hakim Berrebouh, selon «l’Obs»), ont été arrêtés cette année à Dubaï ou à la descente d’un avion en provenance de l’émirat. Soupçonnés d’avoir importé plusieurs tonnes de cannabis en France, ils faisaient partie des «cibles d’intérêt prioritaire», selon l’Ofast, qui a comme priorité de traquer les gros trafiquants, souvent basés à l’étranger, grâce notamment à un «pôle renseignement» d’une trentaine de personnes.