Le ginkgo perd sa place à la gare

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Delémont (JU)Le ginkgo perd sa place à la gare

Un arbre planté en sous-sol à une extrémité d’un passage sous-voies sera supprimé par les CFF dans le cadre d’un projet intitulé… «gare verte».

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Le ginkgo est un conifère qui existait, dit-on, bien avant l’apparition des dinosaures, mais à la gare de Delémont, il trépassera à 32 ans. L’arbre planté dans un puits du sous-voies ne s’y est pas épanoui: celui qu’on appelle «fossile vivant» disparaîtra lors du réaménagement de cet espace.

La décision d’abattre le ginkgo a surpris le biologiste et parlementaire delémontain Florian Battilotti, d’autant que cette mesure fait partie d’un projet intitulé «gare verte». En charge du département de l’urbanisme, de l’environnement et des travaux publics, le conseiller communal Emmanuel Koller lui a répondu que cet arbre se trouvait dans un environnement défavorable, pauvre en lumière.

Même âge

L’ingénieur en environnement Florian Battilotti a le même âge que le ginkgo: il est né en 1991, lorsque le passage sous-voies a été inauguré à la gare de Delémont. «Je suis d’autant plus attristé que je vois ce ginkgo depuis mon enfance», confie l’élu socialiste.

Un ginkgo n’est pas une espèce indigène, mais celui de la gare fait partie des meubles. Florian Battilotti admet que sa santé n’est pas au beau fixe: «Il est un peu triste seul dans son bac circulaire, dans un environnement bétonné qui l’a rendu malade», constate ce collaborateur scientifique de l’Office de l’environnement.

Croissance favorisée

Selon «Le Quotidien Jurassien», la raison invoquée a laissé maints conseillers de ville perplexes, mais Emmanuel Koller les a rassurés en annonçant que les arbres plantés sur le parking «Park + Rail» seront non seulement maintenus, mais que leur croissance sera favorisée en enlevant le goudron.

La crainte de Florian Battilotti valait aussi pour les arbres plantés en surface, autour du parking, mais le voilà rassuré: les CFF maintiendront l’ensemble des essences indigènes. Dans son ensemble, le projet «gare verte» convient à Florian Battilotti, qui le juge «réellement intéressant». «Végétaliser la gare, c’est bien: en favorisant la biodiversité, on empêche les îlots de chaleur», dit-il.

Par quoi sera remplacé le ginkgo? «Nous allons étudier quel type d’élément paysager nous allons placer à cet endroit», répond Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF. Seule certitude: la gare de Delémont se met au vert, jusqu’à devenir «la vitrine des gares écologiques».

Les projets en phase de réalisation vont de la végétalisation du parking à une installation photovoltaïque sur le bâtiment. Les surfaces asphaltées sont désimperméabilisées et végétalisées: l’eau de pluie ne s’écoulera plus vers les canalisations, mais s’infiltrera dans le sol en maintenant le niveau des eaux souterraines.

«Les petits espaces verts ainsi créés permettront aux oiseaux, papillons, abeilles, coccinelles et autres insectes indigènes de trouver de quoi se nourrir», prévoient les CFF. «Pro Natura Jura» a été associé à la réalisation de petites niches écologiques aux bouts des voies, à l’ouest de la gare.

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