SantéLa résistance aux antibiotiques a augmenté en Suisse
Ces quinze dernières années, le nombre d’agents pathogènes dangereux résistants aux antibiotiques a augmenté en Suisse. La faute à un usage inadéquat et trop fréquent d’antibiotiques.

L’usage trop fréquent et en partie inadéquat d’antibiotiques n’est pas bon.
DR«Ces quinze dernières années, la proportion de germes résistants aux antibiotiques a augmenté en Suisse chez certains agents pathogènes dangereux, à l’exemple de l’Escherichia coli (E. coli)». C’est ce que montrent les dernières données issues de la surveillance systématique des antibiorésistances par ANRESIS, le Centre suisse pour le contrôle de l’antibiorésistance, annonce l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) dans son bulletin de février.
Cette augmentation «s’explique principalement par l’usage trop fréquent et en partie inadéquat d’antibiotiques à l’échelle mondiale. L’efficacité des thérapies s’en trouve amoindrie, ce qui représente un problème croissant pour la santé publique», explique l’OFSP.

Proportion des micro-organismes multirésistants.
Bulletin OFSP février 2022/Capture d’écranEn Suisse, près de 85% des antibiotiques prescrits en médecine humaine le sont dans le domaine ambulatoire. Et si, en comparaison internationale, «la Suisse consomme globalement peu d’antibiotiques», le bulletin de l’OFSP dévoile qu’il existe des différences entre les régions linguistiques: «Davantage d’antibiotiques sont prescrits dans les régions latines qu’en Suisse alémanique.»

Consommation d’antibiotiques en Europe et en Suisse en 2019.
Bulletin OFSP février 2022/Capture d’écranMême si la Suisse consomme peu d’antibiotiques, les données issues de la Société suisse des pharmaciens et du Système de surveillance Sentinella (un système de déclaration permettant la récolte de données épidémiologiques et la surveillance des maladies transmissibles fréquentes et des maladies aiguës) montrent que des améliorations sont possibles dans le choix des antibiotiques.
Chez les enfants, 80% des antibiotiques prescrits concernent des infections des voies respiratoires. L’OFSP constate que «la pénicilline et l’aminopénicilline ne sont pas toujours utilisées, bien qu’elles soient recommandées dans ces cas-là». Et, dans toutes les catégories d’âge, l’Office fédéral note qu’il arrive que des antibiotiques soient prescrits alors même que «les données cliniques s’opposent à une telle prescription».
Afin «d’encourager l’utilisation adéquate d’antibiotiques, différents outils ont été élaborés à l’intention du corps médical dans le cadre de la Stratégie Antibiorésistance (stAR)», l’objectif étant «de promouvoir la prescription appropriée d’antibiotiques en Suisse, afin de garantir à long terme leur efficacité en médecine humaine et vétérinaire», conclut l’OFSP.