Peine de mortSingapour s’apprête à pendre un handicapé mental
Un homme de 33 ans va être exécuté mercredi, pour avoir transporté l’équivalent de trois cuillères à soupe d’héroïne. Il a un QI de 69.
Plusieurs ONG ont appelé mardi, les autorités de Singapour, à surseoir à la pendaison d’un Malaisien handicapé mental, condamné pour trafic de drogue dans la cité-Etat d’Asie du Sud-Est, où la législation sur les narcotiques est très sévère.
Nagaenthran K. Dharmalingam a été arrêté en 2009 pour avoir transporté 43 grammes d’héroïne, l’équivalent de trois cuillères à soupe, à Singapour, où il a été condamné l’année suivante. L’homme de 33 ans doit être pendu mercredi.
Cela devrait être la première exécution depuis 2019, dans le pays qui considère que la peine capitale est utile pour dissuader les criminels malgré les pressions croissantes des défenseurs des droits en faveur de son abolition.
Les soutiens du Malaisien soulignent qu’il a un QI de 69, un niveau correspondant à un handicap mental et souffrait d’une addiction à l’alcool au moment du crime.
«Pendre quelqu’un condamné seulement pour avoir transporté de la drogue, alors que des témoignages glaçants indiquent qu’il ne comprend pas vraiment ce qu’il lui arrive, est ignoble», a souligné Rachel Chhoa-Howard d’Amnesty International.
«Nous appelons les autorités à suspendre immédiatement l’exécution de M. Nagaenthran.»
L’ONG Human Rights Watch relève qu’exécuter une personne handicapée mentale est une violation du droit international et que cette pendaison serait un acte «disproportionné et cruel».
L’avocat du condamné, M. Ravi, va tenter un dernier recours, lundi, en arguant que l’exécution est contraire à la constitution singapourienne.
Âge mental
Le Malaisien pourrait «avoir un âge mental inférieur à 18 ans», a écrit l’avocat sur Facebook, après lui avoir rendu visite en prison.
Son exécution prévue est «irrationnelle et un caprice de l’Etat», a-t-il dénoncé.
Mais le ministère de l’Intérieur singapourien a souligné que lors de son procès, M. Nagaenthran n’avait pas fait l’objet d’un diagnostic «d’anomalie mentale» et que l’on pouvait procéder à l'exécution.
«Nagaenthran a clairement compris la nature de ses actes», a noté le ministère, dans un communiqué.