Royaume-UniSuicide assisté en Suisse: deux accompagnatrices arrêtées
Une Galloise a choisi d’en finir avec un suicide assisté à Zurich. Les deux femmes qui sont venues avec elle risquent théoriquement 14 ans de prison.
- par
- Renaud Michiels
En octobre dernier, la Galloise Sharon Johnston racontait à la BBC sa volonté d’obtenir un suicide assisté en Suisse. Mais cette célibataire de 60 ans sans famille proche se disait «très inquiète» des possibles répercussions pour ceux qui l’accompagneraient dans ce dernier voyage. Tout ce qu’elle déclarait alors s’est réalisé. Elle est décédée en Suisse. Et les deux amies qui l’ont accompagnée ont été interpellées et devraient être poursuivies.
Deux femmes ont en effet été arrêtées la semaine dernière. Il s’agit d’une femme de 29 ans de la région de Londres et d’une autre de 69 ans de Cardiff. Elles revenaient manifestement de Suisse, selon les médias britanniques. Toutes deux ont été interrogées puis relâchées. Mais elles sont soupçonnées d’avoir aidé Sharon Johnston pour son suicide assisté voire de l’avoir encouragée. Ce qui est parfaitement illégal au Royaume-Uni.
La police galloise a confirmé le décès de Sharon Johnston, qui avait été portée disparue de son domicile. Tout comme l’arrestation puis la remise en liberté des deux femmes «dans l’attente d’une enquête plus approfondie», relate Wales Online.
Paralysée après une chute
Sharon Johnston avait lourdement chuté dans des escaliers il y a trois ans. Elle était depuis paralysée. Il lui restait un peu de mobilité dans une main, ce qui lui permettait de faire fonctionner un fauteuil roulant spécialement adapté. Mais les médecins avaient affirmé que son état ne pouvait pas s’améliorer et elle ne voulait pas de cette vie.
«Je sais que ça ne fera que devenir plus difficile. Ma colonne vertébrale va s’effondrer et la douleur va empirer. Je me sens pris au piège dans un corps qui ne fonctionne pas», avait-elle raconté. Jugeant sa vie «horrible», elle voyait la mort comme un «soulagement». Elle a manifestement obtenu un suicide assisté chez Dignitas, à Zurich.
Ce cas montre une nouvelle fois le débat qui existe au Royaume-Uni autour du suicide assisté ou de l’euthanasie, qui restent interdits. Il montre aussi ce que risquent les proches de ceux qui décident d’en finir en Suisse. En vertu du Suicide Act de 1961, rappelle le «Daily Mail», en Angleterre ou au Pays de Galles quiconque aide ou encourage quelqu’un à se suicider risque jusqu’à 14 ans de prison.
Un risque qui reste manifestement surtout théorique pour ceux qui n’ont qu’accompagné une personne lors de son dernier voyage en Suisse: on ne trouve aucune lourde condamnation pour ces cas. Reste que les deux femmes arrêtées devront subir une enquête et seront peut-être poursuivies.