Séismes en Turquie et en SyrieDes répliques en cascade possibles durant des mois
Les répliques de tremblement de terre se produisent en cascade après un gros séisme. Et elles peuvent durer des mois mais en s’espaçant au fil temps, disent les experts.
Lundi, deux séismes de forte puissance (de magnitude 6,4 et 5,8) ont frappé le nord de la Syrie et la province turque de Hatay, la plus éprouvée par le tremblement de terre dévastateur (de magnitude 7,8) du 6 février qui a fait plus de 45’000 morts.
Il ne s’agit pas de séismes indépendants mais de répliques du premier choc, tout comme les milliers de secousses signalées depuis le 6 février le long de la faille anatolienne. Celles qui ont fait trembler la terre lundi ont été localisées au sud de cette faille, une zone qui n’avait pas encore rompu.
«Réajustements»
«Les répliques sont un processus physique bien connu et tout à fait normal», dit à l’AFP le sismologue Yann Klinger, directeur de recherche CNRS au sein de l’équipe de tectonique de l’Institut de physique du globe de Paris.
Un séisme est une rupture qui déstabilise dans son sillage toute la ligne de faille. Chaque séisme produit ses répliques, qui sont des «réajustements du système autour de la faille», analyse Rémy Bossu, sismologue et secrétaire général du Centre sismologique euro-méditerranéen. Ce réajustement peut s’étaler sur des semaines, voire des mois. «Plus le séisme est fort, plus ça va durer longtemps», souligne l’expert, citant le tremblement de terre de 2015 au Népal. Et il est parfois difficile d’y «mettre un point final».
Répliques en cascade
Le phénomène se produit en cascade, chacune des grosses répliques ayant elle-même son propre jeu de répliques. «On a une sorte de règle empirique selon laquelle pour un séisme de magnitude 7, on peut s’attendre en moyenne à une réplique de (magnitude) 6, une dizaine de 5, une centaine de 4, etc.», explique Yann Klinger.
Statistiquement, les répliques les plus fortes surviennent dans les trois jours suivant le tremblement de terre – celui du 6 février, d’une magnitude de 7,8, a été suivi d’une puissante réplique de 7,5. Mais si la magnitude a tendance à diminuer au fil du temps, «ce n’est pas systématique, et malheureusement on ne peut pas exclure de voir une réplique de 6 dans six mois», souligne Rémy Bossu.
Ce qui est vérifié en revanche, c’est que le nombre de répliques décroît au cours du temps, selon la loi d’Omori définie par un scientifique japonais à la fin du XIXe siècle. Cette décroissance en nombre est déjà nette en Turquie. «Aux premières heures après le séisme, le taux de répliques était tellement élevé qu’on n’était même pas capable de détecter les répliques de 4», raconte Rémy Bossu.
Les secousses restent dangereuses, notamment parce qu’elles touchent des bâtiments déjà endommagés. Le scientifique ajoute que «nerveusement, c’est très difficile pour les gens parce qu’ils ne sont jamais au repos.»
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