MusiqueLe chanteur «enragé» Henri Tachan est mort à 83 ans
Admiré par ses pairs mais peu connu du grand public, l’auteur de «Les Z’hommes», «Dans les orchestres militaires» ou «La pipe à pépé» s’est éteint à Avignon.
- par
- Michel Pralong
Comment définir Henri Tachan? Un chanteur à texte, burlesque, à l’humour noir, «enragé» comme disaient certains ou «dégagé» comme il se définissait lui-même? Ce qui est sûr, c’est que ses chansons ne sont pas d’innocentes bluettes.
Il suffit d’écouter «J’ai pas vécu» où il aborde le traumatisme d’avoir été dans un pensionnat catholique pour comprendre que le bonhomme était anticlérical, antimilitariste («Dans les orchestres militaires»), détestait la masculinité toxique («Les Z’hommes») et n’hésitait pas à chanter la vie sexuelle des vieux dans «La pipe à pépé».
S’il a fait les premières parties de vedettes comme Isabelle Aubray, Juliette Gréco, Pierre Perret ou Georges Brassens, il n’atteindra jamais leur notoriété malgré les prédictions de Jacques Brel qui l’avait découvert à Montréal où il récitait des poèmes dans un cabaret après son boulot de serveur. Tachan y était parti en 1962 après avoir fait l’École hôtelière à Thonon-les-Bains et avoir été serveur au Ritz à Paris.
Né Henri Tachdjian (son père était arménien), le chanteur ne passait pas souvent sur les chaînes de radio ou de télé française mais conservera un public fidèle, jusqu’à son dernier disque sorti en 2007, «De la pluie et du beau temps». Il s’est éteint le même jour que Jane Birkin, le 16 juillet, à 83 ans, dans sa maison d’Avignon, écrit «Le Monde». Encore une fois, il n’aura pas été la vedette. Il rejoint au paradis des artistes son ami le dessinateur Cabu, assassiné dans la tuerie de «Charlie Hebdo». La rédaction du journal appréciait beaucoup Tachan et sa verve, partageant un peu le même esprit.
En 2002, il avait reçu le prix de l’académie Charles-Cros pour l’ensemble de sa carrière.