Visite de la dirigeante taïwanaise aux USA: La Chine promet des «mesures fermes et énergiques»

La Chine a envoyé des navires de guerre jeudi dans les eaux entourant Taïwan, après avoir déployé un porte-avions et promis une réponse «déterminée» et des «mesures fermes et énergiques» après la rencontre entre la dirigeante de l’île autonome et le président de la Chambre des représentants américaine en Californie, a annoncé la Défense taïwanaise.

Malgré les menaces répétées de Pékin, la présidente de Taïwan Tsai Ing-wen, issue d’un parti qui milite traditionnellement pour l’indépendance de l’île - une ligne rouge absolue pour la Chine -, a rencontré mercredi près de Los Angeles le président de la Chambre des représentants, le Républicain Kevin McCarthy. Or Pékin a toujours menacé d’une riposte si un tel entretien avait lieu et a déployé un porte-avions près de Taïwan des heures avant la rencontre.

Trois navires de guerre supplémentaires ont été détectés dans la nuit de mercredi à jeudi dans les eaux séparant la Chine continentale de l’île autonome démocratique, a annoncé le ministère taïwanais de la Défense. Un hélicoptère anti-sous-marin a également traversé la zone de défense aérienne de Taïwan, selon le ministère. La Chine a déployé des vaisseaux de garde-côtes pour des patrouilles exceptionnelles contre lesquelles Taipei a protesté. 

Le régime communiste considère l’île auto-gérée depuis plus de 70 ans comme l’une de ses provinces à reprendre, en privilégiant une «réunification pacifique», mais sans exclure d’employer la force. Au nom de son principe d’«une seule Chine», aucun pays n'est censé entretenir de liens officiels avec Pékin et Taipei en même temps.

En août, Pékin avait lancé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, prédécesseure de Kevin McCarthy au perchoir, s’était rendue sur l’île. La réponse à ce stade à la rencontre avec le numéro trois américain n’a rien de comparable avec l’été 2022. Elle met cependant Taipei en état d’alerte.

Le ministre taïwanais de la Défense a jugé «sensible» le moment choisi par Pékin pour déployer le Shandong, l’un des deux porte-avions chinois. Il n’a pour autant observé aucune manœuvre autour du vaisseau. «Quand un porte-avions sort, il y a habituellement des décollages et des atterrissages d’appareils», a déclaré Chiu Kuo-cheng, précisant n’avoir vu «aucun décollage ou atterrissage» à ce stage. 

Aux États-Unis, la présidente taïwanaise Tsai, qui était en transit après une tournée en Amérique latine, a salué le «soutien indéfectible» de Washington à son île et assuré que les Taïwanais n’étaient ni «isolés» ni «seuls». Seuls 13 États reconnaissent encore Taïwan dont le Belize et le Guatemala, pays d’Amérique latine qu’elle a visités ces derniers jours pour cimenter la relation avec ses rares alliés officiels, après une première étape à New York.

Quelques heures après, la Chine a promis «des mesures déterminées et efficaces pour sauvegarder sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale.» Le ministère chinois des Affaires étrangères a comparé la rencontre Tsai-McCarthy sur le sol américain à des «actes de collusion gravement erronés» entre les Etats-Unis et Taïwan, selon un communiqué publié jeudi matin.

Kevin McCarthy a souligné que la relation entre Taipei et Washington était «plus forte» qu’elle ne l’a jamais été «au cours de (sa) vie». Sous le mandat de Tsai Ing-wen, Taïwan s’est rapproché des États-Unis. Le responsable américain a également appelé à «continuer les ventes d’armes à Taïwan», le «meilleur moyen» selon lui d’empêcher une invasion chinoise de l’île. «C’est une leçon essentielle que nous avons tirée de l’Ukraine, à savoir que l’idée de simples sanctions à l’avenir n’arrêtera personne», a-t-il insisté.