Russie: La détention de la journaliste russo-américaine prolongée

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RussieLa détention de la journaliste russo-américaine prolongée

Interpellée mercredi, Alsu Kurmasheva sera incarcérée jusqu’au début du mois de décembre. Elle devient ainsi le deuxième reporter américain à être détenu en Russie, en 2023.

Kurmasheva, qui travaille pour le média américain Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), risque jusqu’à cinq ans de prison.

Kurmasheva, qui travaille pour le média américain Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), risque jusqu’à cinq ans de prison.

REUTERS

Un tribunal russe a ordonné lundi le placement en détention provisoire «jusqu’au 5 décembre» de la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, arrêtée la semaine dernière. Le tribunal Sovetski de Kazan, dans la région du Tatarstan, a indiqué avoir validé ainsi la demande des enquêteurs qui ont arrêté, mercredi, la journaliste. Ils l’accusent de manquements liés à son inscription au registre des «agents de l’étranger» alors qu’elle était engagée dans «la collecte intentionnelle d’informations concernant des activités militaires» pouvant être dommageables pour «la sécurité de la Russie».

Kurmasheva, qui travaille pour le média américain Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), risque jusqu’à cinq ans de prison. Le président par intérim de RFE/RL, Jeffrey Gedmin, s’est dit la semaine dernière «inquiet». «Le journalisme n’est pas un crime. Elle doit être immédiatement remise à sa famille», a-t-il ajouté. Le statut d’«agent de l’étranger», qui rappelle le qualificatif soviétique d’«ennemi du peuple», impose aux personnes ou entités visées des contraintes administratives et un contrôle financier très lourd. Il oblige également à accompagner toute publication, y compris sur les réseaux sociaux, de ce label.

Certains des critiques les plus respectés de Vladimir Poutine figurent parmi ces «agents de l’étranger», comme le prix Nobel de la paix et rédacteur en chef du journal indépendant «Novaïa Gazeta», Dmitri Mouratov. Kurmasheva, qui réside d’ordinaire à Prague, avec son mari et ses enfants, s’était rendue en Russie pour une «urgence familiale» le 20 mai, mais n’avait pas pu repartir, car ses passeports américain et russe lui ont été confisqués.

Selon le site Internet Tatar Inform, elle avait été condamnée à une amende, le 11 octobre dernier, pour ne pas avoir déclaré sa citoyenneté américaine aux autorités russes. D’après ce média, qui cite des sources policières anonymes, elle a notamment travaillé sur la mobilisation par l’armée d’enseignants.

Après Evan Gershkovich

Kurmasheva, qui a rejoint RFE/RL en 1998, travaille pour son service en langues tatare et bachkire, couvrant ces minorités ethniques de Russie, peuplant en particulier le Tatarstan et le Bachkortostan, des régions de la Volga et de l’Oural. «Je suis venue travailler pour (RFE/RL) car ce média compte pour moi, sa mission d’apporter une information objective à mon peuple, le peuple qui parle ma langue, le tatar, en particulier», expliquait en 2014 Kurmasheva.

Elle est le second journaliste américain à être détenu en Russie en 2023, après Evan Gershkovich. Ce reporter du «Wall Street Journal», interpellé le 29 mars en plein reportage, est détenu à Moscou. Gershkovich, qui a aussi travaillé pour l’AFP en Russie par le passé, est accusé d’espionnage. Un crime passible de 20 ans de prison.

«Nous sommes profondément déçus»

Le média américain Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) a appelé lundi, à la «libération immédiate» de sa journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva. «Nous sommes profondément déçus par le résultat de l’audience d’aujourd’hui», a déclaré Jeffrey Gedmin, président par intérim de RFE/RL. «Nous demandons la libération immédiate d’Alsu afin qu’elle puisse retrouver sa famille».

(AFP)

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