BienneLe policier rappeur monte sur scène
Quand il n’enregistre pas des plaintes avec sa casquette d’agent de police, Jonathan «Jo» Jaquerod tombe l’uniforme pour enregistrer… un CD de rap!
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Jonathan «Jo» Jaquerod porte deux casquettes: policier et rappeur.
lematin.dj/Vincent DonzéPolicier et rappeur, ce sont deux casquettes portées par Jonathan «Jo» Jaquerod (41 ans), qui montera vendredi prochain à 20 heures sur la scène du «Carré Noir», à Bienne, avec son ami d’enfance DJ Erno. Après l’enregistrement de son premier CD, Jo promet du «rap du cœur en français», lui qui enregistre des plaintes quand il porte sa casquette de policier.
Jonathan Jaquerod est bipolaire de naissance, avec un père policier et une mère pianiste. Mais comme il l’a confié à l’hebdomadaire «Biel Bienne», c’est sa grand-mère qui lui a fait découvrir le rap bien malgré elle, en l’emmenant dans un magasin de musique biennois où la clientèle pouvait écouter des disques. Le rap? «Un déclic!» a-t-il confié, d’abord avec MC Solaar et ses textes poétiques «bien écrits et dépourvus d’agressivité», selon Jo.
Le rap de IAM l’a aussi scotché quand ce groupe marseillais s’est produit à la Coupole de Bienne. Son rap à lui n’est pas revendicateur, mais comme il dit, empreint d’ouverture et de solidarité. Le point commun, ce sont des textes sortis autant du cœur que du cerveau.
Nique la police? Très peu pour lui: Jo n’a pas la haine: «Je n’écris pas de texte politique: je ne suis pas antisystème…», sourit Jonathan Jaquerod. Ses collègues le suivent sur YouTube et sa hiérarchie fait preuve de bienveillance.
Deux ans de travail dans le service de sécurité du Foyer d’éducation de Prêles ont servi de second déclic: avec les jeunes en difficulté, les discussions tournaient souvent autour du rap et du hip-hop, quand Jo ne rappait pas avec eux, en entraînant les éducateurs.
Jonathan Jaquerod sait que lors de ses interventions parmi des jeunes en difficulté, le fait d’être musicalement «un des leurs» a pu faciliter sa tâche de policier en lui attribuant un rôle de médiateur.
Père d’une fille de sept ans et d’un garçon d’un an, Jonathan Jaquerod travaille désormais davantage dans les bureaux de la police cantonale, toujours en uniforme, mais avec des horaires réguliers. Il a parfois affaire à d’anciens copains «qui n’ont pas forcément bien tourné» ou «qui ont fait d’autres choix»…
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Avec son complice DJ Erno
DRSon premier CD intitulé «J’ai fait un rêve» contient neuf titres. Son rêve de gosse, c’était de gagner sa vie en pratiquant un sport: le foot ou le taekwondo. Il imitera finalement la figure paternelle, un père qu’il voyait en justicier.
Est-il devenu un policier rappeur ou un rappeur policier? Jo n’aime pas les étiquettes, lui qui mène les deux carrières en parallèle. Quand il combat les préjugés, c’est auprès des rappeurs comme des policiers: «Tant mieux si je peux faire évoluer les mentalités», dit-il.
À Bienne, Jonathan Jaquerod a travaillé un temps avec… Phanee de Pool, ancienne policière devenue chanteuse en auteure-compositrice-interprète. Mais faire carrière dans la musique n’est pas son objectif: «Mon but, c’est de prendre du plaisir», dit-il en espérant aussi transmettre à son tour l’amour des mots et des notes. Premier test en live, vendredi soir au «Carré Noir»!