Guerre en UkraineBruxelles propose un embargo sur le pétrole russe, la Hongrie s’y oppose
L’UE a proposé mercredi d’arrêter d’ici six mois les importations européennes de pétrole russe et d’exclure la plus grosse banque russe, Sberbank, du système financier international Swift.
«Nous renoncerons progressivement aux livraisons russes de pétrole brut dans les six mois et à celles de produits raffinés d’ici à la fin de l’année», dans le cadre d’un sixième paquet de sanctions contre Moscou visant à tarir le financement de la guerre contre l’Ukraine, a déclaré mercredi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant les eurodéputés, à Strasbourg.
«Il s’agira d’une interdiction complète des importations de tout le pétrole russe, transporté par voie maritime ou par oléoduc, brut et raffiné (…) de façon ordonnée, d’une manière qui nous permettra de mettre en place d’autres voies d’approvisionnement», a-t-elle expliqué. Le pétrole russe représente environ un quart des importations de pétrole de l’UE.
La Hongrie a rejeté mercredi la proposition, jugeant qu’une telle mesure «détruirait complètement la sécurité énergétique» du pays. Le projet bruxellois «ne peut pas être soutenu dans sa forme actuelle. En toute responsabilité, nous ne pouvons pas voter pour», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, dans un message vidéo diffusé sur sa page Facebook.
Deux exemptions prévues
Selon plusieurs responsables et diplomates européens, le projet de la Commission, qui a été soumis dans la nuit aux États membres, prévoit une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie. Ces deux pays, enclavés et totalement dépendants des livraisons par l’oléoduc Droujba, pourront continuer leurs achats à la Russie en 2023, a précisé l’un de ces responsables.
Mais ce délai d’un an ne suffit pas, a insisté Peter Szijjarto. «La livraison de pétrole russe, «nécessaire pour faire fonctionner» la Hongrie, «serait interdit à partir de la fin de l’année prochaine», a précisé le ministre. Impossible selon lui: «ce n’est pas une question de manque de volonté politique ou de calendrier, mais simplement la réalité physique, géographique et d’infrastructures».
Nouvelles banques sanctionnées
Bruxelles propose également d’exclure trois banques russes supplémentaires, dont Sberbank, de loin le plus gros établissement du pays (environ un tiers du secteur bancaire), du système financier international Swift. Dans le cadre des sanctions de l’UE, sept établissements russes ont été privés d’accès à Swift, plateforme de messagerie sécurisée permettant des opérations cruciales comme le transit d’ordres de paiement et d’ordres de transferts de fonds entre banques.
«Nous frappons des banques d’une importance systémique essentielle pour le système financier russe et la capacité de destruction de Poutine. Cela renforcera l’isolement total du secteur financier russe», a souligné Ursula von der Leyen.
Propagande russe visée
La Commission propose aussi de bloquer l’accès aux ondes européennes à trois grands radiodiffuseurs d’État russes, qui se verraient interdits de distribuer leurs contenus dans l’UE par câble, satellite, internet ou applications sur smartphone. «Nous avons identifié le rôle d’organes de propagande de ces chaînes de télévision, qui amplifient d’une manière agressive les mensonges de Poutine. Nous ne devons plus leur laisser le champ libre pour les répandre», a indiqué Ursula von der Leyen, sans plus de précisions.