Coronavirus«Génocide», l’UDC schwytzoise soutient un élu après un discours controversé
Lors de la manif antimesures de samedi à Rapperswil, le député UDC David Beeler a notamment fait un parallèle entre la Suisse et le IIIe Reich. Son parti ne veut pas l’exclure.
Le député cantonal David Beeler (UDC/Schwytz), a prononcé un discours samedi à Rapperswil (SG) lors d’une manifestation d’opposants aux mesures prises contre la pandémie de Covid-19 en Suisse. La véhémence des ses propos n’est pas passée inaperçue.
«Notre police tire sur les manifestants, elle frappe des femmes et des personnes âgées», a-t-il notamment clamé. Il n’a pas épargné le Conseil fédéral. Ce dernier «chie» sur la constitution et veut mener les Suisses «à un asservissement total», a déclaré M. Beeler. Selon lui, «notre Conseil fédéral a trahi le pays, il l’a vendu au grand capital.» Le politicien UDC est d’avis que la «loi martiale» prévaut en Suisse. «Les responsables de cette pandémie devraient être traduits devant un tribunal militaire», a-t-il poursuivi.
Comparaison avec l’holocauste
Dans son discours, il a également fait une comparaison avec le Troisième Reich et a comparé le certificat Covid avec l’étoile jaune épinglée sur les Juifs par les nazis. En outre, le politicien UDC a affirmé qu’en Suisse, nous vivons «un génocide de la pensée, des mots, de l’intégrité physique, un génocide des petites entreprises, de nos restaurants, de toutes les personnes qui veulent travailler».
Il a également diffusé une théorie selon laquelle «des centaines, non, des milliers de personnes sont déjà mortes dans notre pays, à cause de la vaccination». Dans son discours, il a incité à renverser le pouvoir par la force. «Nous voulons défendre la liberté et nous sommes prêts à donner notre vie s’il le faut», a déclaré le politicien UDC sous un tonnerre d’applaudissements. Le député a aussi appelé la police à «se battre à nos côtés» et il a exhorté l’audience à combattre «jusqu’à la dernière goutte de sang».
Choix des mots «malheureux»
David Beeler n’a pas pu être joint par nos collègues de 20 Minuten. L'UDC suisse reste également silencieuse sur ses propos. La porte-parole Andrea Sommer a déclaré que l'UDC suisse «ne commente en principe pas les déclarations des élus du parti». Le président de l’UDC du canton de Schwytz Roman Bürgi a pour sa part pris position. Il prend ses distances par rapport à certaines parties du discours. «Les comparaisons avec l’Holocauste sont toujours dangereuses», dit-il. Et en ce qui concerne la déclaration sur le génocide, «le choix des mots était très malheureux» selon le président de la section cantonale de l’UDC.
Parallèlement, ce dernier soutient David Beeler. «Une exclusion du parti est hors de question», affirme Roman Bürgi. «L’UDC du canton de Schwytz garantit la liberté d’opinion», ajoute-t-il. «Sa déclaration lors de ce rassemblement est son avis personnel. Il l’a exprimé en tant que personne privée et n’a rien à voir avec son mandat de député.» Pourtant, les organisateurs de la manifestation ont annoncé David Beeler comme étant député cantonal. Dans son discours, le politicien a également fait référence à son mandat d’élu.
Propos «pas punissables»
On ne sait pas pour l’instant si les affirmations de David Beeler auront des conséquences juridiques. «Nous ne pouvons pas encore dire si une procédure sera ouverte», a déclaré à 20 Minuten, un porte-parole de la police cantonale de Saint-Gall. «Nous allons examiner le discours et, si nécessaire, prendre des mesures supplémentaires en concertation avec le ministère public.» La police judiciaire fédérale dit aussi avoir été informée de ce cas. «Fedpol est au courant de ces déclarations», a indiqué sa porte-parole Cathy Maret. Elle ne fait pas de commentaires sur les cas individuels. «Nous analysons les déclarations potentiellement menaçantes», se contente-t-elle de répondre. Contactée par nos collègues de 20 Minuten, Maya Hertig, professeure de droit à l'Université de Genève, estime que David Beeler n’a pas commis d’infraction pénale avec ses déclarations. «Mais cela ne signifie pas qu’elles ne sont pas moralement répréhensibles», nuance-t-elle. Elle trouve particulièrement choquante la comparaison avec l’holocauste faite par le député UDC. «De telles déclarations contribuent à la banalisation d’un génocide et sont très blessantes pour la communauté concernée. Cependant, sans preuve d’un motif raciste, elles ne sont pas punissables.»