Infanticide près de Genève: Traqué par Interpol, le père de la fillette asphyxiée est introuvable

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Infanticide près de GenèveTraqué par Interpol, le père de la fillette asphyxiée est introuvable

Le 12 mai, une enfant de 10 ans était retrouvée sans vie chez elle à la frontière suisse. Suspect numéro un, le papa est toujours en cavale.

Evelyne Emeri
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Evelyne Emeri

Célia avait 10 ans. Elle était née le 11 juillet 2011 à Thonon. Hier après-midi, lundi 23 mai, les siens l’ont accompagnée dans sa dernière demeure: sa maman, ses deux grands frères, ses grands-parents maternels et paternels ainsi que tous ses proches. Beaucoup d’amis, de connaissances, de quidams désireux d’entourer la famille endeuillée étaient également à l’église de Veigy-Foncenex, petite commune du Chablais français qui borde la frontière suisse. C’est là, et plus précisément dans le hameau de Foncenex, que la famille franco-suisse s’est installée il y a une dizaine d’années dans la zone résidentielle des Echouillats. «Une famille sans histoire ou presque, lui est un peu agressif», nous lâche rapidement par téléphone une voisine avant de partir pour l’enterrement.

Découverte par l’aîné

Le jeudi 12 mai, les habitants ont d’abord cru à un incendie, ils ont même parlé d’une explosion. La gendarmerie évoque à ce moment-là et prudemment un «potentiel accident domestique». C’est l’aîné de la fratrie, 20 ans, qui découvre le corps inanimé de sa sœur en rentrant au domicile familial ce jour-là vers 17h. La jeune défunte gît au salon. Elle est toute seule. La maison est partiellement incendiée. Une détonation a fait craindre le pire aux voisins de ce quartier de villas. Le pire s’est effectivement produit. L’enfant a succombé, quelques heures plus tôt. Mais ce n’est ni le feu ni ses émanations qui sont la cause de sa mort.

Crime maquillé

Très vite, l’autopsie révèle qu’il s’agit d’un meurtre et que la tentative de le maquiller en accident a échoué. La fillette a bien été tuée par le geste intentionnel d’une tierce personne ainsi que le confirment les légistes de Grenoble et la procureure d’Annecy, Line Bonnet: le décès de Célia est dû à «une asphyxie mécanique», expliquent les experts. Autrement dit, elle a été étranglée ou étouffée. Sur la question, la justice française et les enquêteurs restent discrets. En revanche, la traque du père qui était seul avec sa fille ce jour-là et qui a été vu quittant les lieux en début d’après-midi le 12 mai est largement communiquée.

Meurtre sur mineur

Les parents de la victime sont en cours de séparation, indiquent aussi les autorités judiciaires. Le déploiement policier ne traîne pas, sur le terrain et dans les airs, ce d’autant que le papa est injoignable et qu’il est amateur de tir sportif. Peut-être est-il armé. Même si on ne lui connaît pas d’antécédents, son identité est intégrée dans le fichier des personnes recherchées le jour même. De même, un mandat d’arrêt international est délivré à son encontre avec diffusion par le biais d’Interpol. Tandis qu’une information judiciaire est ouverte des chefs de meurtre sur mineur de moins de 15 ans et de destruction par moyens dangereux (ndlr. incendie/explosion).

Il a fui vers la Suisse

Deux magistrats instructeurs sont en outre saisis. Et une trentaine de militaires de la section de recherche de Chambéry du groupement de gendarmerie de Haute-Savoie sont mobilisés à temps complet pour retrouver le fugitif.  «Il a été vu le 12 mai franchissant la frontière suisse puis revenir en France», nous confie la procureure Line Bonnet, peu disserte, soucieuse de ne pas polluer les investigations. Après douze jours de recherches, l’homme de 51 ans, actif dans l’immobilier à Annemasse, reste introuvable. Comme évanoui dans la nature. 

«Le père n’a toujours pas été interpellé»

Line Bonnet, procureure d’Annecy (F)

Où se cache celui qui apparaît être l’unique suspect dans cette affaire d’infanticide? Est-il aidé par quelqu’un dans sa cavale? S’est-il ôté la vie après avoir commis l’irréparable sur sa propre fille de 10 ans? Une dispute conjugale a-t-elle été le déclencheur du passage à l’acte? Toutes ces hypothèses sont étudiées par les spécialistes de ce type d’homicide. Ou encore: l’ADN prélevé sur la petite désigne-t-il clairement le père de famille? Sur ce point-là, la procureure de la République ne nous répondra pas. En revanche, elle nous confirme effectivement que «le père n’a toujours pas été interpellé».

Scolarisée en Suisse

«L’enfant était bien scolarisée en Suisse», nous précise sans autres détails le parquet d’Annecy. Depuis peu, selon son ancienne école communale de Veigy-Foncenex. La maman de Célia est une Suissesse de 50 ans. Elle est conseillère en voyages d'affaires à Genève et travaillait déjà auparavant dans une autre agence genevoise. Un déménagement avec sa petite dernière de ce côté-ci de la frontière était-il projeté et aurait-il fait perdre à ce point les pédales au père?  La piste est également explorée. 

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