Beat Jans: «Je ferai ce que je dois en tant que membre du Conseil fédéral»

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Beat Jans«Je ferai ce que je dois en tant que membre du Conseil fédéral»

Le Bâlois Beat Jans a été élu par l’Assemblée fédérale pour succéder à Alain Berset. Portrait de cet europhile à l’orientation écologique marquée et à la longue carrière politique.

Christine Talos
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Christine Talos
Voici Beat Jans, notre nouveau conseiller fédéral.

Voici Beat Jans, notre nouveau conseiller fédéral.

AFP

Cette fin 2023 marque le triomphe des socialistes bâlois. Après l’élection d’Eric Nussbaumer à la tête du National et celle de la sénatrice Eva Herzog à la présidence des Etats, voilà un 3e Bâlois élu à des hautes fonctions, cette fois au Conseil fédéral! Une première depuis 50 ans pour la région. En effet, c’est Beat Jans qui a été préféré mercredi au Grison Jon Pult pour succéder à Alain Berset. Il aura fallu trois tours pour que le président du gouvernement de Bâle-Ville parvienne à se faire élire

«Je n’aurais jamais imaginé pouvoir être candidat au Conseil fédéral», avait pourtant dit devant la presse Beat Jans lors de l’annonce du choix du groupe socialiste fin novembre. Mais il est désormais élu. «Je donnerai tout pour être le meilleur des conseillers fédéraux possible. Je souhaite être un conseiller fédéral pour l’ensemble de ce pays, un pays formidable qui tire sa force de sa diversité, de sa culture, y compris de sa culture politique et de sa démocratie directe», a-t-il lancé dans sa première conférence de presse en tant que ministre élu. 

Quel département?

Reste à savoir quel dicastère il dirigera. Tout porte à croire qu’il héritera du département de l’Intérieur d’Alain Berset. Si c’est le cas, il va être dans le bain tout de suite avec pas moins de 6 voire 7 sujets de votations qui le concernent en 2024. Et pas des moindres: 13e rente AVS, réforme de la LPP, âge de la retraite à 66 ans, etc.

Mercredi, il a redit qu’il prendrait le département qu’on lui donnera. Mais s’il reprend le DFI, il sait qu’il va devoir potasser son sujet. «Je sais comment je vais passer mes vacances de Noël», a-t-il plaisanté. Et s’il doit défendre ses dossiers contre les souhaits du PS, il s’opposera à son parti. «Je ferai ce que je dois car il est important que le Conseil fédéral agisse comme un team». 

D’un milieu modeste

Beat Jans, 59 ans, vient d’une famille modeste, avec une mère vendeuse et un père serrurier. Et il a la fibre écologique marquée. Après un apprentissage d’agriculteur, il obtient un diplôme d’agrotechnicien, puis un diplôme de scientifique de l’environnement à l’EPFZ. Il a également été à la tête de Pro Natura de 1995 à 2010 et du forum suisse du développement durable eco.ch. Il s’est également engagé pour l’ONG Helvetas a enseigné à l’Uni de Bâle. 

Une longue carrière

Mais ce qui caractérise Beat Jans, c’est sa longue carrière politique. Adhésion en 1998 au parti socialiste. Présidence du PS bâlois en 2000. Election au Grand Conseil de Bâle-Ville en 2001. Réélection en 2005 et 2009. Tout lui réussit.

Il chute toutefois aux portes du parlement à Berne. Il ne parvient en effet pas à se faire élire lors des élections fédérales de 2007. Mais, comme il est le premier des viennent ensuite, il accède au National en 2010 à la faveur d’une démission, et se fait réélire en 2011 et 2015. Beat Jans assure en outre la vice-présidence du PS suisse entre 2015 et 2020. Avant de tout lâcher, en 2020, pour entrer à l’Exécutif cantonal bâlois, qu’il préside depuis.

Sensibilité urbaine et europhile

Issu d’un canton citadin, Beat Jans entend apporter sa sensibilité urbaine à un Conseil fédéral qui en manque cruellement. Il souhaite y construire des ponts «pour combler le fossé grandissant entre villes et campagne». L’homme se dit aussi un europhile convaincu. Questionné sur ses priorités, le nouveau conseiller fédéral, qui maîtrise très bien le français, a affirmé que la Suisse avait besoin d’un accord avec l’Union européenne et qu’il fallait absolument sortir de l’impasse actuelle.

À noter encore que le nouveau ministre vit avec une biostatisticienne d’origine américaine rencontrée à Hawaï et est père de deux filles de 16 et 18 ans. Il apprécie en outre la Suisse romande. D’ailleurs, il se dit plus proche de Genève que de la Suisse centrale, puisque Genève, internationale et transfrontalière, partage les mêmes préoccupations que Bâle.

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