Qatar 2022Edimilson Fernandes, l’invité-surprise de Murat Yakin
Le Valaisan de 26 ans n’avait jamais été appelé par le nouveau sélectionneur. Le voilà de retour pour disputer la Coupe du monde au Qatar, où il doit apporter sa polyvalence.
- par
- Valentin Schnorhk Doha
Il n’y a pas de carcan autour de Murat Yakin. Au contraire. Depuis son intronisation à la tête de l’équipe de Suisse en août 2021, le sélectionneur se laisse voguer. Et il laisse surprendre. Il compose ses listes avec flexibilité, ce mot qu’il aime tant. La forme du moment, généralement, avec la méritocratie pour ligne de conduite. Aussi, la confiance envers quelques relais-clé, pour servir de pilier à ses idées et à son groupe. Il faut l’accepter: on ne vient pas en équipe de Suisse par habitude. Même et surtout au moment de faire sa sélection pour la Coupe du monde. Kevin Mbabu, qui ne correspondait plus à ces critères, l’a appris à ses dépens.
Un autre Romand en a profité: Edimilson Fernandes. Il y a dans ce choix du Murat Yakin tout craché. Le Valaisan a réalisé un bon début de saison avec Mayence, alors il a été retenu. Et même si le sélectionneur l’avait toujours ignoré depuis son arrivée, lui qui avait pourtant fait partie du groupe lors de l’Euro 2020. Surtout, c’est sa «flexibilité, sa capacité à occuper plusieurs postes, aussi dans un rôle offensif» (dixit Yakin) qui a motivé sa sélection. La surprise fait toujours son effet.
Rédemption à Mayence
«C’est clair que si on m’avait dit il y a un mois que je serai retenu pour la Coupe du monde, je n’y aurais pas cru», sourit le joueur de 26 ans. Et puis, «Edi» a reçu une visite. Peut-être que ce 8 octobre dernier, Yakin était venu voir en priorité Silvan Widmer, dans ce match de Bundesliga contre le RB Leipzig. Mais il a aussi vu l’ancien Sédunois, dans ce nouveau poste de défenseur central droit (dans une ligne de trois). «Il m’a alors dit qu’il y avait une petite chance que je sois sélectionné, poursuit Fernandes. Et puis, la semaine dernière, il m’a annoncé que j’étais pris.»
Tout cela est forcément tombé d’un petit peu nulle part. Mais en même temps, cela s’explique: il a été titulaire à treize reprises depuis le début de saison. Parfois au milieu, souvent derrière. Une forme de rédemption, lui qui avait été prêté à l’Arminia Bielefeld puis à Young Boys la saison passée. «Ma situation était compliquée, admet-il. Franchement, je voulais partir. J’ai dû travailler, et puis c’est allé super vite. C’était mon objectif d’aller au Mondial, c’est la récompense de ces deux ou trois derniers mois.» Il vient d’ailleurs de prolonger son contrat.
20 minutes comme latéral droit
Bien que ce soit dans un nouveau poste qu’il s’exprime. C’est assurément ce qui lui a permis de composter son ticket pour le Qatar. Voir son nom parmi les défenseurs? «Ça me fait bizarre, rigole-t-il. Honnêtement, je n’aurais jamais pensé jouer derrière. Et en même temps, j’ai toujours reculé dans ma carrière. J’aime bien ça: je peux voir le jeu et puis, défensivement, j’ai beaucoup travaillé pour être au mieux. Je m’y sens bien aujourd’hui.»
Il en fait un atout. «Ma polyvalence m’a servi, acquiesce Fernandes. Je peux jouer presque partout, apporter à la fois offensivement et défensivement. Je suis là pour aider l’équipe et montrer au coach que je peux jouer un rôle.» Mais au fait, a-t-il déjà joué latéral droit dans une défense à quatre? Il hésite, cherche dans sa mémoire.
«Une fois, je crois, avec l’équipe nationale. Sauf erreur contre l’Espagne (ndlr: en Ligue des nations à Bâle en novembre 2020.» Vérification faite, c’était dans le 3-4-1-2 de Vladimir Petkovic. Avant une vingtaine de minutes dans un système à quatre. La flexibilité selon Yakin.