FootballLes «Panini 2.0» de l’Euro arrivent, et ça va coûter cher!
Pour la première fois, ce n’est pas l’entreprise italienne qui va proposer l’album officiel de l’Euro 2024. La version de Topps, qui sort début avril, va faire passer les collectionneurs de vignettes à la caisse.
- par
- Adrien Schnarrenberger
C’est une tradition: tous les deux ans, les vignettes à collectionner arrivent à peu près en même temps que les lapins de Pâques dans les étals des grandes surfaces. Les Panini sont si populaires qu’ils sont entrés dans le langage commun, un peu comme le scotch, le frigidaire ou l’escalator.
Mais il va falloir s’habituer à parler de Topps, désormais: la marque américaine a obtenu les droits des figurines de l’Euro 2024, au nez et à la barbe de son concurrent italien. La maison d’édition basée à Modène détenait pourtant les droits exclusifs depuis 1980 pour le championnat d’Europe de football. Qu’est-ce qui change? Voici les principaux enseignements pour les collectionneurs.
Pourquoi n’est-ce pas un album Panini?
Il s’agit d’un choix de l’UEFA, qui a privilégié Topps à l’entreprise familiale italienne. Si le printemps rime avec autocollants, c’est à Giuseppe Panini qu’on le droit. L’Italien a fondé l’entreprise en 1961 avec ses trois frères. La toute première vignette fut à l’effigie du capitaine de l’Inter Milan d’alors, Bruno Bolchi et le paquet coûtait 5 centimes pour deux images.
En 2019, l’entreprise basée à Modène a dépassé le milliard d’euros de chiffre d’affaires. Elle emploie plus de 1200 personnes et est présente dans 120 pays. Même si la perte de l’Euro est un coup dur, Panini conserve plus de 20 collections par an en Suisse, et reste en lice pour la Coupe du monde.
Les cartes à collectionner, business à 15 milliards
Si la firme Panini est devenue un mastodonte grâce à ses vignettes à coller, elle a peut-être raté un virage ces dernières années: le business des cartes a complètement explosé. Un cabinet américain, Alt, l’a estimé en 2021 à 15 milliards de dollars. Une seule carte de Stephen Curry à l’époque où la star de la NBA était encore rookie vaut 80’000 dollars, rappelle «Le Parisien».
C’est peut-être, en revanche, un virage que veut prendre l’UEFA: en plus de l’album à remplir (lire ci-dessous), Topps commercialise un jeu à base de cartes à collectionner. Contrairement aux vignettes, qui sont toutes produites dans les mêmes proportions, certaines cartes sont très rares: il n’y a que 100 exemplaires des cartes «Gold Rush», toutes numérotées. Elles devraient donc atteindre des sommes record sur le marché d’échange. L’avantage de cette version est que les collectionneurs peuvent s’en servir pour s’affronter dans un jeu, plutôt que simplement les coller dans un album.
Quand sortiront les vignettes?
Les conservateurs qui se cantonnent aux vignettes peuvent déjà préparer leur porte-monnaie: la sortie de l’album de Topps est prévu au tout début du mois d’avril. Pour les plus impatients, il est possible de passer commande via le site internet de l’entreprise, pour une livraison le 28 mars. N’espérez pas, cependant, briller en société en fanfaronnant devant vos amis: l’acheminement de la commande prenant de 3 à 5 jours ouvrables, vous ne devriez pas être servi avant la sortie dans les kiosques et autres points de vente en Suisse.
Quelles nouveautés?
Effet de surprise oblige, Topps diffuse des informations au compte-goutte avant la sortie de son album. Mais il y a déjà certains éléments connus: l’album fait 88 pages et il faudra y coller 728 vignettes au total.
L’inflation des albums Panini ne va donc pas s’arrêter avec le changement d’éditeur: en 2022, lors de la Coupe du monde au Qatar, l’entreprise italienne avait commercialisé un album à 678 images, ce qui était alors un record. En 2004, par exemple, il n’y avait «que» 358 vignettes à collectionner pour l’Euro au Portugal.
Topps a vu les choses en grand, puisqu’il y a par exemple… le Luxembourg dans l’album de l’Euro 2024. Le Grand-Duché n’est pourtant plus en lice pour participer au tournoi en Allemagne (14 juin – 14 juillet), mais sa participation aux barrages a obligé, en raison des délais d’impression, à inclure le pays dans l’album, comme l’a révélé «L’Essentiel».
Les Suisses, champions du monde des Panini
Le calcul est simple: davantage de vignettes, davantage à payer pour compléter l’album. Selon le site de Topps, le paquet de 6 images à collectionner coûte 1€, soit 98 centimes au taux de change actuel. Mais il y a fort à parier que le prix du paquet sera plus élevé en Suisse que dans le reste de l’Europe, comme cela a toujours été le cas.
Notre pays a toujours été un marché particulièrement important pour Panini. Ces vignettes et leur odeur caractéristique sont une vraie madeleine de Proust pour les Suisses, qui en achetaient plus de 50 millions de paquets en 2014 déjà. Soit plus de 5 paquets par habitant en moyenne! Largement plus que partout ailleurs dans le monde.
Une passion coûteuse
Un professeur de mathématiques de l’université de Cardiff a estimé que si un collectionneur de Panini ne procédait à aucun échange, il fallait acheter 967 paquets de cinq figurines pour être sûr de compléter l’album. Soit plus de 1000 francs!
Même en réalisant les fameuses listes de double et en procédant au troc, notamment via les réseaux sociaux, l’addition reste salée: pratiquement impossible de terminer un album pour moins de 300 francs.
Le prix à payer pour une certaine satisfaction. Selon «Bild», le succès stratosphérique des vignettes est lié à «l’effet Ikea»: un objet réalisé soi-même a beaucoup plus de valeur que s’il fallait acquérir l’album dans le commerce avec les figurines déjà collées. Ce qui n’empêche pas des versions complétées des dernières éditions de s’arracher pour des centaines de francs sur les sites d’enchères en ligne.