QATAR 2022Breel Embolo: «On a encore la dalle»
Buteur providentiel juste avant la pause, l’attaquant savoure la victoire de l’équipe de Suisse face à la Serbie (3-2). Mais il ne veut surtout pas s’arrêter là.
«Fierté et soulagement.» Ce sont les premiers mots que Breel Embolo a prononcés, vendredi soir dans la zone mixte du stade 974, peu avant 1 heure du matin à Doha. La Suisse s’était imposée face à la Serbie (3-2), juste avant les coups de minuit. L’homme qui a inscrit le 2-2 si important à la 44e minute affichait un bonheur évident, mais nulle trace d’euphorie. Il s’en voulait même de ne pas avoir transformé sa première occasion, d’entrée de jeu: «Je dois marquer ce but sur le ballon de Shaq’ (ndlr: Xherdan Shaqiri) après 20 secondes, mais j’ai hésité entre mettre la tête ou le pied et le gardien m’a eu sur ce coup-là.»
«Après notre ouverture du score (ndlr: par Shaqiri à la 20e), on fait ces erreurs stupides qui permettent aux Serbes de mener et là, pendant dix minutes, on a senti qu’ils étaient très présents, physiquement et émotionnellement, poursuit Embolo. Mais on a su rester calmes et solides dans nos têtes et c’était très important d’égaliser juste avant la mi-temps.» Plus loin dans sa déclaration: «Quand on voit ce qu’ont vécu d’autres équipes comme l’Allemagne dans ce Mondial un peu fou, nous pouvons être fiers de passer ce premier tour avec 6 points. Donc bravo à l’équipe.»
Des regrets quand même
Preuve des ambitions helvétiques au Qatar, le numéro 7 affichait quelques regrets, à commencer par celui de ne pas être allé chiper la première place de ce groupe G au Brésil, finalement battu par le Cameroun (1-0). En inscrivant un goal de plus, les joueurs de Murat Yakin auraient hérité de la Corée du Sud en 8e de finale plutôt que du Portugal. «Oui, on aurait pu marquer un quatrième voire un cinquième but et vivre la fin de match de façon plus calme. Mais à la fin, nous avons atteint notre objectif, même si c’est aussi un peu frustrant. Sur cet aspect-là, on peut se tirer un peu les oreilles.»
Comme il est impossible de refaire l’histoire, la Suisse de Murat Yakin se projette d’ores et déjà vers l’avenir. Ce sera donc mardi en 8e de finale, face à Cristiano Ronaldo et les autres. «Le Portugal? On verra si c’est une bonne chose ou pas, sourit Breel Embolo. Je ne sais pas quoi dire d’eux, on les connaît si bien, j’ai l’impression qu’on a joué contre eux sept ou huit fois ces dernières années (ndlr: cinq fois depuis septembre 2016, pour un bilan de deux victoires et trois défaites). L’essentiel, c’est qu’on sait qu’on peut leur poser des problèmes - et eux aussi le savent, ce qui est important. Nous sommes heureux, mais pas rassasiés. On a encore la dalle.»
A propos des quelques échauffourées qui ont émaillé la deuxième mi-temps, alors que les Serbes perdaient leur calme au fil des minutes, celui qui avait déjà inscrit le but de la victoire contre le Cameroun n’en a pas rajouté. Mais il n’a pas esquivé la question non plus: «Il y a eu des insultes, oui, mais cela fait partie du football. C’étaient des injures normales, il n’y a pas eu de racisme de la part des Serbes. Il y avait de la tension sur le terrain, bien sûr, mais l’essentiel, c’est qu’on ait pu se serrer la main à la fin.» L’essentiel, surtout, c’est que l’équipe de Suisse ne verra pas l’aéroport de Doha ce samedi.