Anal, Nutella ou CR7: non, ces prénoms n’ont pas été refusés en 2021

Comment ne pas s’emparer du sujet? Voir qu’en 2021, des prénoms aussi saugrenus que Clafoutis, Bob l’Éponge, Titeuf ou Ikea ont voulu être donnés à des bébés par des parents imaginatifs, c’est suffisamment incroyable pour en parler. Depuis plusieurs jours, de très nombreux médias français, dont pas mal de titres de la presse féminine, mais aussi des quotidiens régionaux et même France 5, se sont fait l’écho d’un hallucinant Top 20 des prénoms refusés en France en 2021. Des titres belges et suisses ont suivi. Normal après tout, puisque la source est le plus souvent citée: il s’agit d’une liste constituée et communiquée par l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques.

Sauf que, dans les rares médias qui mettent un lien sur l’Insee, aucun ne pointe sur la fameuse liste, mais sur la page d’accueil de l’institut. Le site a un outil de recherche très performant, qui permet de retrouver à peu près n’importe quoi. Il suffit donc de taper «prénoms refusés 2021». Chou blanc, aucun résultat.

Une source introuvable qui a intrigué le site magicmaman. Qui a donc appelé l’Insee. Et l’institut a démenti avoir publié une quelconque liste, en tout cas pour 2021. Impossible de retrouver le premier média qui a sorti cette fameuse liste mais, en faisant quelques recherches, on voit que le refus de certains prénoms remonte à bien plus loin. Nutella avait été refusé en 2014, Titeuf en 2012. D’ailleurs, en décembre dernier, le site mamansquidéchirent (oui, ça existe) a fait un sujet très sérieux sur l’interdiction des prénoms en France. Où il compile ceux qui ont été refusés par le passé, où l’on retrouve une bonne partie de ceux cités dans le fameux Top 20. Ne serait-ce pas ça l’origine de cette soi-disant liste 2021?

La plupart des sites précisent également que tous ces prénoms ont été refusés en 2021 par l’état civil. Or, sur l’Insee, on trouve cette précision: «depuis 1993, l’officier d’état civil ne peut plus refuser le prénom choisi par les parents. Il peut toutefois avertir le Procureur de la République s’il estime que le prénom nuit à l’intérêt de l’enfant (…). Le Procureur peut ensuite saisir le Juge aux affaires familiales qui peut demander la suppression du prénom sur les registres de l’état civil. Dans ce cas le prénom serait également supprimé du fichier des prénoms». Il n’existe toutefois aucune liste des prénoms autorisés, il n’y a que celle, statistiques, des prénoms donnés.

Le mois dernier, les médias français traitaient du sujet inverse, à savoir les prénoms insolites acceptés (réellement, cette fois) par l’état civil en 2021. Dans le désordre on peut citer Lisbonne, Miel, Pape, Divine, Triomphe. Mais aussi des références à «Star Wars», «Game of Thrones» et «Twillight», avec Anakynn, Kaleesy et Renesmée.

La plus grande créativité revient cependant sans doute aux prénoms composés. L’an passé est né en France un petit Alpha-Kabinet, un King-Hayron, un Précieux-Patric et un Divin-Steeve.

Le prénom autorisé qui a le plus surpris est cependant Canard, pour un petit garçon de Périgueux. Il a cependant une histoire particulière, relate France Bleu. C’est en fait le deuxième prénom de l’enfant, donné en hommage à sa grand-mère, abandonnée lors de la Seconde Guerre mondiale et adoptée par un certain Georges Canard. «Par respect pour elle, tous mes enfants, mes quatre enfants, portent comme deuxième prénom Canard», a expliqué le papa.