Conflit Israël-HamasLe CICR critiqué: «Nous n’avons pas de super pouvoirs»
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le Comité international de la Croix-Rouge est la cible de virulentes critiques, en particulier sur les réseaux sociaux.
Le Comité international de la Croix-Rouge, accusé d’en faire trop peu pour les otages à Gaza comme il l’avait été en Ukraine pour les prisonniers de guerre, rappelle qu’il n’a pas de «super pouvoirs» et dépend de la bonne volonté des belligérants.
«De temps en temps, nous devons dire aux gens que nous ne sommes pas à l’épreuve des balles. Nous n’avons pas de super pouvoirs. Nous ne pouvons mener une action humanitaire que si les autorités d’une région donnée nous en donnent l’autorisation», explique un porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge à Genève, Jason Straziuso.
Nombreuses critiques
Ces derniers jours, les véhicules du CICR ont permis de transporter des otages retenus dans la bande de Gaza enlevés lors de l’attaque du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.
Depuis le début de la guerre, le CICR est la cible – en particulier sur les réseaux sociaux – de virulentes critiques. Certains estiment qu’il devrait négocier pour faire libérer plus d’otages, d’autres s’étonnent qu’il ne visite pas ceux qui restent au main des milices islamistes dans le territoire palestinien. A l’inverse, certains estiment qu’il devrait exercer des pressions pour qu’Israël libère plus de détenus palestiniens ou autorise l’acheminement de davantage d’aide à Gaza.
«Nous ne sommes pas une agence de renseignements»
A Genève, le CICR entend bien ces attentes liées à une «émotion intense» mais «souvent ces critiques montrent un manque de compréhension de la façon dont nous travaillons ou des limites de notre travail», rappelle son porte-parole.
Le CICR affirme ne pas savoir où se trouvent les otages. «Nous ne sommes pas une agence de renseignements», insiste son porte-parole, rappelant aussi qu’aller voir les otages sans l’autorisation du Hamas pourrait les mettre en péril ainsi que les humanitaires.
Une autre difficulté, explique à l’AFP Marco Sassòli, professeur au Département de droit international public et organisation internationale de l’Université de Genève, «est que les otages contrairement à des prisonniers devraient être libérés sans condition ni négociation si le droit humanitaire était respecté». Donc «le CICR offre ses services comme intermédiaire neutre mais il ne va pas négocier la libération d’otages», indique l’expert, qui a travaillé pour cette organisation.
«De moins en moins de compréhension pour la neutralité»
Depuis l’invasion russe en Ukraine, le CICR s’est déjà retrouvé, souvent et vertement, critiqué par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui lui a reproché de ne pas faire assez pour avoir accès aux soldats ukrainiens faits prisonniers par les forces russes. Le CICR s’est également vu reprocher de ne pas détailler combien de prisonniers de guerre il a pu voir du côté russe et d’avoir envoyé son ancien président à Moscou pour y rencontrer le chef de la diplomatie russe.
Sassòli reconnaît qu’il y a dans le monde «de moins en moins de compréhension pour la neutralité» et «qu’il faut prendre position, qu’il y a les méchants et les bons». Pourtant «si le CICR ne négociait qu’avec les bons, il ne négocierait avec presque plus personne dans les conflits armés», indique-t-il.
Mais il se souvient que l’organisation a aussi été critiquée dans le passé, «par exemple en Bosnie lorsque le CICR devait inévitablement travailler à la fois avec les Serbes et les Bosniaques musulmans, alors que les Serbes étaient vus comme les grands violateurs du droit humanitaire et les agresseurs». Après la deuxième guerre mondiale également, le manque d’action du CICR face aux Nazis, en particulier pour obtenir accès aux camps de concentration, avait également été critiqué poussant l’organisation à présenter des excuses.