Football: Le FC Sion doit viser la quête d’un label valaisan

En famille, entre amis à l’heure de l’apéro ou au travail entre collègues, peut-être vous êtes-vous déjà livrés au petit jeu instructif de savoir comment et surtout pourquoi le FC Sion en était venu à pareillement s’égarer au fil des ans. Parce qu’elles sont multiples, les raisons de cette lente déliquescence - et les avis qui en résultent - peuvent évidemment différer d’une voix à l’autre. Mais tout le monde s’accorde sur un point central: il existe aujourd’hui un désamour grandissant entre le club de Tourbillon et tous ceux et celles qui, par le passé, aimaient s’y intéresser.

Faute d’un ancrage régional, les gens, hormis peut-être la communauté des fans, ne parviennent plus à s’y identifier suffisamment. En étant devenu ce qu’il est, à savoir un club hors sol, ballotté au gré de mercatos foireux, Sion s’est déconnecté de la réalité valaisanne. Après un exercice désastreux qui l’aura vu tourner le dos à son public autant qu’à ses valeurs historiques, Sion ne pourra espérer rebondir qu’en (re)créant ce lien, ce fil rouge – et blanc - qui unissait ses supporters, bien au-delà des clivages intergénérationnels. C’est tout l’enjeu d’une saison 2023-2024 qui, pour lui, doit être celle d’un indispensable renouveau, ce qui suppose un rapprochement avec une base dont il s’est progressivement détaché. Avec plus d’humilité, plus d’abnégation et moins de bling-bling et de transferts décevants, à l’image de celui de Balotelli, le pire de tous.

Dans le football helvétique, Sion restera toujours un club particulier. Ce qui doit changer, c’est la manière de s’y investir au quotidien, dans la répétition des efforts qu’exige son statut. Avec l’instauration d’une réelle culture du travail, bien trop inexistante la saison passée.

En ce sens-là, le retour au bercail de Didier Tholot doit être salué tant l’homme présente un éventail complet des qualités qui ont tant fait défaut aux gens de Tourbillon ces dernières années. Valaisan de cœur, Tholot incarne les valeurs (mentalité, engagement, passion, etc.) que sa «nouvelle» équipe devrait idéalement véhiculer à son tour. Afin d’offrir à son public les émotions dont il a été privé depuis trop longtemps.

Retrouver une réalité plus régionale passe aussi par la promotion d’un label valaisan. Dans ce domaine, ce n’est pas tant le passeport et l’origine qui comptent mais la volonté de servir ce qui fait toute la spécificité de l’endroit où l’on pose ses valises. Vilmos Vanczak n’a ainsi jamais été Valaisan mais durant les neuf saisons (entre 2007 et 2016) qu’il avait passées dans le Vieux-Pays, l’ancien défenseur hongrois du FC Sion avait su se faire adopter jusqu’à se fondre dans le paysage.

C’est ce que l’on attend de la nouvelle garde au moment où se met en place une philosophie moins clinquante. Si le fait de n’avoir pas conservé un clubiste comme l’était Gaëtan Karlen a suscité quelques légitimes incompréhensions, l’actuel recrutement va plutôt dans la bonne direction. Seul l’engagement de l’ailier uruguayen Cristian Souza peut interpeller. Au moment d’entamer dimanche à Vaduz le long cheminement qui peut le déposer en Super League dans 10 mois, Sion n’a pu faire l’économie d’une vaste remise en question. Sa chute doit représenter une chance, celle de retrouver ce caractère qui en avait longtemps fait la force. Voilà qui passe prioritairement par la reconquête de Tourbillon et d’un état d’esprit dans lequel chacun peut se retrouver.