DomotiqueL’enceinte connectée d’Apple débarque enfin en Suisse
Après des années d’attente, Apple a officialisé son HomePod en Suisse. Mais il arrive dans un marché qui montre ses premiers signes de faiblesse.
- par
- Christophe Pinol
On n’y croyait plus… Quatre ans après la sortie du HomePod, l’enceinte connectée d’Apple (la version maousse costaud, depuis retirée du catalogue), et un peu plus d’un an après la mise en vente de son petit frère, le HomePod mini, la marque à la pomme se décide enfin d’officialiser son accessoire en Suisse. Depuis vendredi dernier, 25 mars, on peut donc enfin trouver la boule connectée dans les Apple Store du pays (au prix de 99 francs), même si elle était déjà proposée depuis longtemps par d’autres enseignes.
La nouveauté, c’est que les ingénieurs de Tim Cook semblent avoir finalement suffisamment dompté le suisse allemand pour l’intégrer à Siri, l’assistant intelligent maison, et ainsi satisfaire tous les clients du pays puisque l’engin comprenait déjà le français, l’allemand et l’italien. À noter que nos amis belges se retrouvent dans le même cas de figure puisque le néerlandais a également été ajouté aux nouveaux langages compris par l’IA.
Le HomePod Mini prend des couleurs
On aurait aimé que la conquête de ces nouveaux territoires soit accompagnée de fonctionnalités inédites, avec la mise à jour de HomePod OS 15.4, mais non: à peine ce firmware propose-t-il la nouveauté de se connecter à des réseaux nécessitant des étapes de connexions supplémentaires, comme un hôtel… Autrement dit, rien de bien folichon. Il faudra en fait se contenter de coloris inédits – plutôt funs, il faut le reconnaître – puisqu’en plus du gris sidéral et du blanc déjà existant, l’enceinte est désormais également disponible en orange, bleu et jaune.
Après, pour ce qui est de l’appareil lui-même, c’est toujours un peu le même principe avec Apple: son achat n’a de sens que si vous avez investi dans l’écosystème maison, ses fonctionnalités n’étant pour la plupart liées qu’à un iPhone, un iPad, à Apple Music ou HomeKit.
Dans l’absolu, cet HomePod Mini est plutôt séduisant. D’abord par son design, petite boule compacte et sexy, revêtue d’un joli tissu mesh, à qui l’on aurait tranché deux côtés opposés: l’un pour former un socle et l’autre pour y placer quelques fonctions tactiles basiques (mettre en pause ou reprendre la lecture d’une chanson, augmenter et baisser le volume, un appui long pour appeler Siri sans avoir à prononcer les mots «Dis Siri»). La configuration est toujours aussi simple, mais c’est surtout la qualité du rendu sonore qui frappe (a fortiori lorsqu’on associe deux appareils pour un effet stéréo), avec des médiums et des aigus bien équilibrés, ainsi que des basses étonnamment marquées pour un si petit gabarit.
Siri lent à la détente
Son principal défaut reste l’intelligence embarquée, encore trop limitée en regard de la concurrence, surtout en français. Si la reconnaissance vocale, de son côté, est exemplaire, il reste par exemple impossible de lancer deux ordres dans la même phrase à Siri, alors que Google l’autorise depuis longtemps. Et puis essayez de lui demander la signification d’un mot – utilisation pourtant très appréciée des enfants anglophones… La moitié du temps, Siri se contente d’envoyer un lien pour différentes pages web sur votre iPhone, au lieu d’énoncer à haute voix une définition. C’est frustrant.
Reste quelques fonctions sympas, comme le fait de pouvoir transférer automatiquement à son HomePod ce que l’on écoutait sur son iPhone en arrivant à la maison, en approchant simplement le second du premier. Et inversement en quittant le domicile. Il est aussi possible de lancer une conversation téléphonique à travers l’enceinte, ou encore de diffuser des messages vocaux sur toutes les enceintes installées dans la maison, ainsi que sur les iPhones, iPads et Apple Watches qui y sont connectés, grâce à la nouvelle fonction «intercom» de Siri.
Le coup de mou du marché
Cette enceinte connectée débarque toutefois aujourd’hui au cœur d’un marché il est vrai encore populaire mais qui accuse déjà des signes de faiblesse. Après un bond de croissance assez phénoménal en 2020, de 69% par rapport à l’année précédente, selon le cabinet d’analyses Strategy Analytics, le marché des enceintes connectées a été en 2021 beaucoup plus calme, voire en dessous des espérances, avec une croissance de seulement 10%. Certains spécialistes blâment la pénurie de composants électroniques qui a frappé le monde du high-tech, mais l’an passé le marché a surtout été étonnamment pauvre en innovations technologiques. À peine retiendra-t-on la fonction de détection de sommeil introduite par Google sur son dernier Nest Hub, que nous avions d’ailleurs testé en mai dernier.
Pourtant, en termes d’engins, il en existe une vraie profusion. Comptez d’abord les deux leaders du marché, Google et Amazon. Le premier propose la Nest (en version Audio – env. 109 francs – et Mini – 69 francs), et le second l’Echo (en version classique – 119 francs – et Dot – 49 francs). Derrière, la concurrence est rude puisque bon nombre de spécialistes audio ont sorti leur(s) propre(s) modèle(s), généralement plus performant(s) question rendu sonore, chacun étant équipé de Google Assistant ou d’Alexa (voire les deux). Citons par exemple Bose avec sa Home Speaker 300 (329 francs), Belkin et la SoundForm Elite (299 francs), Sonos avec Roam (195 francs) ou encore Motorola et sa Lifestyle Sonic Sub 240 (89 francs). Même Ikea et Lidl s’y sont mis, preuve que chez Monsieur et Madame Tout-le-monde aussi, l’intérêt est là. Le géant suédois a ainsi dévoilé la deuxième version de son enceinte Symfonisk en janvier dernier (149 francs) et le distributeur allemand a mis en vente, pour l’instant uniquement en France, et ce durant une courte période en février, une enceinte en partenariat avec SilverCrest (40 euros).
Fonctionnalités de base
Niveau fonctionnalités, toutes répondent peu ou prou au même cahier des charges. Chaque appareil offre d’abord une compatibilité avec une ou plusieurs plateformes de streaming musical. De la voix, on demande ainsi à l’IA embarquée de diffuser le titre de son choix. Et là encore, Apple est à la traîne puisqu’il se limite à Deezer et Apple Music, alors qu’Amazon et Google ajoutent à ceux-ci non seulement leur propre service mais également Tuneln, Spotify, Pandora ou encore Qobuz… Mais ces enceintes servent aussi à piloter la domotique (éclairage, chauffage, stores, interphone…) ou encore lancer des routines pour regrouper plusieurs actions sous une même commande.
Là-dessus, sont depuis venus se greffer les modèles équipés d’un écran tactile, permettant cette fois la visioconférence, de regarder une série sur Netflix, une recette quand on est à la cuisine ou son suivi de sommeil dans la chambre… Avec cette fois un marché exclusivement occupé par Google et Amazon, le premier avec Nest Hub (109 francs), et le second avec l’Echo Show (entre 89 francs et 269 francs selon les versions). Apple, lui, semble avoir pour l’instant fait l’impasse sur cette configuration.
Matter pour relancer les ventes
Pourtant, le HomePod Mini est un franc succès. Toujours selon les chiffres de Strategy Analytics dévoilés en fin d’année passée, Apple s’est ainsi hissé sur la deuxième marche du podium du marché au troisième trimestre 2021 en écoulant 4 millions de son enceinte connectée, juste derrière l’indétrônable Google Nest Mini avec 5 millions d’unités vendues.
Mais le petit monde des enceintes connectées a maintenant le regard tourné vers le projet Matter, une nouvelle norme qui promet de révolutionner la domotique en offrant un protocole parfaitement compatible avec les assistants virtuels et les écosystèmes des différents acteurs du marché. Principalement porté par Google, Apple et Amazon, le projet devrait enfin voir le jour cet automne. Et peut-être permettre aux ventes de ces enceintes de reprendre l’ascenseur en fin d’année.