AthlétismeRaphaël Monachon quitte un relais en pleine ascension
À la fin de l’année 2017, il avait pris la direction du relais 4x100m féminin: Raphaël Monachon passe le témoin et prédit un avenir radieux au sprint féminin.
- par
- Jean Ammann
Raphaël Monachon (48 ans) passe le témoin: après quatre ans à la tête du relais féminin 4x100m, il quitte ses fonctions. «J’ai l’impression d’être au terme d’un cycle, explique-t-il. Avec les années, j’étais devenu trop proche des filles et quand je devais prendre une décision, comme définir qui allait courir et qui serait remplaçante, j’avais du mal à faire abstraction du côté émotionnel. Je pense qu’un nouvel entraîneur n’aura pas cette difficulté.»
Ancien recordman de Suisse du 110 m/haies (13’’48), participant aux Jeux olympiques de Sydney en 2000, Raphaël Monachon a conduit le relais 4x100m des Suissesses au pied du podium: elles ont fini 4es aux championnats d’Europe, aux championnats du monde et finalement aux Jeux olympiques de Tokyo. «On peut toujours se dire qu’il aurait été possible de courir plus vite, on peut toujours rêver d’une médaille, reconnaît-il, mais si l’on fait abstraction du chrono, les relayeuses suisses sont à leur place dans la hiérarchie.»
À Tokyo, le 5 août dernier, Riccarda Dietsche, Ajla Del Ponte, Mujinga Kambundji et Salomé Kora ont porté le record de Suisse à 42’’05. Avec une nouvelle génération de sprinteuses, comme Léonie Pointet qui a déjà couru 11’’20 et Mélissa Gutschmid, médaillée de bronze aux championnats du monde junior (11’’37 cette saison), le relais suisse peut espérer de nouvelles altitudes chronométriques dans un avenir proche: «Au terme d’une course parfaite, on peut imaginer un record de Suisse à 41’’80, voire 41’’70», spécule Raphaël Monachon.
«Une émulation permanente»
Une statistique vient de tomber, que des spécialistes de l’athlétisme ont répercutée sur Twitter: dans le top 10 des femmes qui ont couru le plus souvent sous les 11 secondes cette saison sur 100 m, il y a Mujinga Kambundji avec six chronos et Ajla Del Ponte (5). Le record de Suisse se situe désormais à 10’’90 par Del Ponte, tandis que Kambundji est à quatre centièmes seulement. Comment expliquer la progression du sprint féminin? «La réponse est assez simple, estime Raphaël Monachon: pour la première fois en Suisse, il y a deux athlètes de très haut niveau qui sont très proches l’une de l’autre. Course après course, cela crée une saine rivalité. L’émulation est permanente.»
Pourtant, cette rivalité s’est arrêtée aux portes du relais 4x100m, où les deux femmes ont signé une entente parfaite: «Dans le 4x100m, il y a une vraie complicité entre Ajla et Mujinga. D’ailleurs, le passage de témoin entre les deux athlètes s’est toujours bien passé.» Un instant fâchée avec le relais 4x100m, du temps de Laurent Meuwly, Mujinga Kambundji est revenue pour apporter toute la puissance de son virage et les chronos se sont affolés.